Journal Le Sphinx

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Hommage à Victor Sy- “le combattant suprême” – l’Inflexible Résistant à la dictature obscurantiste et sanguinaire du Comité militaire dit de libération nationale (CMLN) et son succédané l’UDPM.

Le 21 mars 2023, notre Maître et Camarade, qu’on appelait avec admiration le “Combattant Suprême”, Victor Sy a rejoint Son Créateur après une vie bien remplie dominée principalement par son combat inflexible contre la dictature militaire obscurantiste des “lieutenants de Kati” qui sont entrés par effraction dans l’histoire contemporaine du Mali, le 19 novembre 1968, en renversant le Président Modibo Keïta et ses compagnons de l’US-RDA. Très vite, Victor Sy a compris qu’à travers le putsch du 19 novembre 1968 les puissances néocoloniales venaient de commettre une triple forfaiture contre le Mali et toute l’Afrique indépendante :en premier lieu, il s’agissait de tuer dans l’œuf l’œuvre colossale d’édification d’une économie nationale socialiste fondée sur les aspirations fondamentales de progrès et de justice du peuple Malien. Car, en aucun cas, les Africains ne devaient prendre conscience du fait qu’ils étaient maîtres de leur destin et compter sur leurs propres forces pour bâtir l’Afrique indépendante;

En second lieu, en suscitant et inspirant le coup d’État du 19 novembre 1968, les puissances impérialistes -nostalgiques du passé- ont décapité la haute hiérarchie de l’Armée et favorisé l’accession au pouvoir d’officiers subalternes formés par l’ancienne puissance coloniale. Au cours des décennies 1960, 1970 et 1980, la scène politique continentale sera ainsi dominée par ces anciens“trouffions coloniaux” incultes et sanguinaires qui feront de l’Afrique la risée à travers le Monde.En troisième lieu, après l’assassinat de Patrice Lumumba au Congo en janvier 1961, le renversement du Président du Ghana Kwamé Nkrumah en février 1966 par des officiers téléguidés de l’extérieur, la chute du Président Modibo Keïta en novembre 1968 et la disparition du Président égyptien Gamal Abdel Nasser en septembre 1970, l’Afrique perdit le contrôle de son destin jusqu’à l’apparition au cours de la décennie 1980 des capitaines Jerry Rawlings au Ghana et Thomas Sankara qui redonnèrent une nouvelle vigueur au mouvement d’émancipation de l’Afrique.

Militant chevronné de la Jeunesse du Rassemblement Démocratique Africain (JRDA) durant ses études universitaires en France, Victor Sy a inscrit son combat dans la même ligne directrice que les “pères fondateurs” de l’Afrique indépendante. Armé des idéaux de liberté et de justice sociale à l’instar de ses illustres devanciers, Victor Sy a dédié sa vie à la résistance contre la dictature obscurantiste du Comité militaire dit de libération nationale (CMLN) dont la moitiéétait des Ex-légionnairesfrançais.

Professeur de physique et de chimie, Victor Sy assura scrupuleusement sa tâche d’enseignant tout en dispensant une formation idéologique aux jeunes lycéens et en leur inculquant l’idée de servir la Nation. Son combat farouche et intrépide contre le CMLN lui valut toutes sortes de brimades physiques et psychologiques de la part des prétoriens de Kati qui l’emprisonnèrent à plusieurs occasions, lui infligèrent des tortures inimaginables tout en l’emprisonnant dans les différentes prisons de Kidal, Ménaka, Bouressa etc… 

Malgré tout cela, Victor Sy est resté debout, inébranlable et inflexible au point de décontenancer le lieutenant Tiékoro Bagayoko, le sinistre bourreau du Mali entre 1968 et 1978.

Le Capitaine Soungalo Samake, qui fût le geôlier du “Combattant Suprême au camp des parachutistes de Djikoronitémoigna dans son ouvrage “une Vie de Soldat” de l’exceptionnelle bravoure et résistance de Victor Sy. Dans un témoignage vocal, l’ancien ministre Tiébilé Dramé, qui fût son codétenu, souligne la grandeur d’âme et la dignité profonde de Victor Sy.

Après avoir subi les pires sévices dans les geôles des lieutenants de Kati il s’exila à Dakar comme de nombreux opposants maliens à l’instar d’Ibrahima Ly, Seydou Mamadou Diarrah dit Totoh et de nombreux étudiants et intellectuels maliens qui, tout en reconstruisant leur vie, continuèrent à lutter contre les prétoriens de Bamako. Le 26 Mars 1991, après vingt-trois années de lutte multiforme, les Maliens vinrent à bout de la dictature militaire sanglante et obscurantiste du Général Moussa Traoré. Victor Sy rentra définitivement au Mali et il eût l’insigne honneur de co-présider aux côtés du Général ATT et de Madame Ly Madina Tall, la Conférence nationale qui jeta les bases du Mali démocratique.

Aujourd’hui, trente-deux années après cet acte fondateur, le Mali vit présentement sous le joug de nouveaux Militaires. En ce mois sacré du Ramadan implorons ALLAH(SWT)qu’il les guide sur la voie du mouvement d’émancipation de L’Afrique tracée par leurs illustres prédécesseurs les capitaines Jerry Rawlings et Thomas Sankara,et non téléguidés par des politiciens sans vergogne, affichant sans complexe leur volonté de réécrire l’histoire en la travestissant et en recourant aux services des vidéomans spécialisés dans des diatribes incendiaires.

Victor Sy demeure à cet égard, une référence féconde, une source d’inspiration, un modèle à suivre. Adieu Victor, Tu resteras dans nos cœurs et dans nos mémoires.

Moussa Sow Washington,DC-USA