Journal Le Sphinx

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HISTOIRE D’UN CAPORAL ET D’UN JUNKY ET FLINGUEUR

Stupéfaction à Bagadadji : le Héros en taule, le Rambo-toxico à l’hosto, les populations indignées

Le héros qui a maîtrisé le tireur drogué de Bagadadji dans la nuit du dimanche dernier a été arrêté et incarcéré. Les populations dont il a sauvé la mise sont plutôt déconcertées.

Les faits se sont déroulés ce  dimanche vers 00h. Un homme a ouvert le feu en tirant des rafales à Bagadadji, à l’endroit appelé «Milieu», plaque tournante du trafic de stupéfiants dans le District de Bamako.

Selon les témoignages recueillis sur place, l’incident fait  suite à une transaction entre un consommateur et  un dealer. Le client, un présumé porteur d’uniforme, est arrivé à moto accompagné. Il acheta la drogue pour sa consommation personnelle. Tout va bien, il en a l’habitude.

Mais seulement voilà. Cette nuit, il revint quelques instants plus tard, très en colère, persuadé de s’être fait gruger sur la qualité. Il demande des comptes à son fournisseur et le ton monte. Il est violemment poussé dehors sans management car on sait que  les acteurs de ce type de business n’assurent pas le service après-vente. Il rumine de colère, de haine et de frustration.

Alors, il sortit un Pistolet Mitrailleur (PM) planqué dans son boubou blanc avec la ferme intention de laver l’affront. Il ouvrit le feu à hauteur des dealers en lança plusieurs rafales.

Peut-être qu’Allah dans sa miséricorde en ce mois béni de Ramadan  a décidé d’épargner les acteurs: on ne déplore aucune victime ! Miracle ! Mais quelle panique !  Ce fut le sauve-qui-peut dans cette partie du quartier.

Alerté par des coups de feu dans le quartier, un Policier du commissariat de Quinzambougou (ex-commissariat de police du 3ème Arrondissement), muni de son seul P.A (Pistolet automatique)  se dirigea sur les lieux et, après avoir évalué la situation, tira à son tour dans les pieds du drogué. Déséquilibré, il tomba et perdit son arme dans sa chute.  

Notre héros policier appela alors le renfort qui n’était pas loin. Le forcené fut ainsi neutralisé.

Toujours selon notre témoin sur place, dans le feu de l’action, le tireur fou aurait déclaré se nommer «IBRAHIM SIDIBÉ, CAPORAL de la Garde Nationale».

Il fut transporté à l’hôpital Gabriel TOURÉ pour recevoir des soins. Il nous revient que sa vie n’est pas en danger.

Coup de théâtre : le policier mis aux arrêts

Il ressort de nos investigations que le Héros du jour, à savoir le Policier ayant maitrisé le forcé en lui tirant dans les pieds, ce Policier, disions-nous, a été arrêté et incarcéré. Nos tentatives de le joindre sont restées vaines.

Il nous revient, en tout état de cause, qu’il est Sergent de Police et répond au nom de Issiaka Moussa en service au commissariat de Quinzambougou (ex-commissariat de police du 3ème Arrondissement).

Toujours selon nos investigations, le Tireur-Drogué était habillé d’un grand boubou sous lequel il avait dissimulé son Pistolet – Mitrailleur, comme tout bon Jihadiste dont il avait justement pris l’apparence !

Le Policier l’a donc pris comme tel d’autant qu’il avait tiré plusieurs rafales et tenait des personnes en joue.

Prises de panique, les populations environnantes ont tout naturellement cru à une invasion jihadiste en ce mois de Ramadan.

Ce sont justement ces cris et coups de feu qui ont alerté le Sergent de Police et l’incité à agir. D’autres se seraient mis à l’abri le temps que «ça se calme».

Il prit soin d’informer au préalable sa hiérarchique et de son intention d’aller voir. Et sur place, le constat était tout simplement glaçant : un présumé jihadiste qui tirait à tout vent et une population paniquée. 

Évaluant la situation, il a pris la décision qui s’imposait : tenter de neutraliser le bandit avant qu’il ne commette l’irréparable.

Avec un sang-froid inouï et une précision chirurgicale, il parvint à loger une balle dans le pied du «Terroriste» lequel fut déséquilibré et tomba. Le danger fut ainsi écarté.

On retiendra que l’intention n’était nullement de le tuer. Ce qu’il pouvait faire. Il s’agissait de le mettre hors d’état de nuire afin de l’interpeller.

Pourquoi alors son interpellation ? Pour les besoins d’enquête ? Qu’il en soit ainsi ! Si au contraire, il s’agit d’un début de sanction, nous sommes de ceux-là parmi les Populations de Bagadadji qui ne comprennent pas. Ici, l’on pense plutôt que ce sergent de Police est un héros et qu’il mérite récompense.

Certains prétendent que le renfort était en route. Peut-être bien, mais imaginez la scène : un terroriste, visiblement hors de contrôle,  tirant des rafales avec son PM et tenant des personnes en joue avec en toile de fond, des populations paniquées. Tout pouvait arriver à tout moment, avant l’arrivée du renfort. 

Aux yeux de la Population de Bagadadji, le Sergent de Police a fait ce qu’il fallait… Un véritable Héros !

Photo : Lors de l’attentat à l’hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015- Plus d’une vingtaine de morts. Le militaire Malien transportant un des touristes blessé.

Et puisqu’on y est, la tendance au Mali consiste à «tuer» les héros. Le saviez-vous ? Le militaire malien qui a sauvé plusieurs touristes lors de l’attentat du RadissonBlu de Bamako, le 20 novembre 2015, ce héros, disions-nous, a été lui aussi, sanctionné officiellement pour n’avoir pas attendu le renfort. Piètre argument ! Et si les Jihadistes tuaient tout le monde avant l’arrivée du renfort ?

De quoi  éteindre la fibre héroïque et patriotique des autres.

A suivre

Batomah Sissoko