Journal Le Sphinx

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GOUVERNANCE

La Police et nous : la victoire de la sottise et de  l’incivisme   

Deux faits pourtant pleins d’enseignements récemment survenus dans la capitale malienne n’ont visiblement été appréciés à leur juste valeur. Ils dénotent surtout un déficit criard d’objectivité et de gouvernance.  Les deux faits se rapportent à la police Nationale.

Dans la nuit du mercredi dernier, un présumé voleur de moto a été appréhendé suite à la clameur publique à Magnambougou Faso kanu. Très vite sur les réseaux sociaux, des illuminés ont identifié le suspect comme étant un policier ouvrant du coup la voie à toutes les interventions hostiles non contre le suspect, mais contre Police nationale.

Auparavant, encore sur les réseaux sociaux, un policier en service a été accusé d’avoir poursuivi un conducteur de mototaxi et provoqué un accident mortel ayant coûté la vie à ce dernier. Il n’en fallait pas plus, là aussi, pour les nombreux internautes, prendre la police nationale à partie et la tenir responsable de tous les maux de la République.

Il s’avère pourtant, dans le premier cas (à Magnambougou Faso kanu), que l’individu présumé voleur de moto et appréhendé par la foule, n’est pas un policier. S’il a occupé cette fonction dans le passé, il a été radié de l’effectif depuis 2015 suite aux mêmes écarts de conduite : le vol. En clair, pour le même motif, la Police s’est débarrassée de lui en 2015 le jugeant indigne de son uniforme. Mais c’était mal connaître le sens de l’humour du destin puisque la voilà (la police) accusée de vol à travers la même personne.

Les auteurs de l’accusation auraient au moins dut prendre des  précautions avant de salir toute la corporation et la livrer à la vindicte populaire.

Dans le second cas survenu à Faladjè, le conducteur de mototaxi était en infraction (support à trois). Il a aggravé son cas par un délit de fuite dans un sens interdit de surcroit lorsque l’agent de police l’a interpellé. Dans sa tentative de fuite, il a percuté le bord de la balise et est entré collision avec un autre motocycliste venant dans le sens normal. Mort s’en est suivie.

Le policier qui suivait la situation de loin depuis son poste, a tenté de s’approcher en vue de porter secours aux blessés.  Il a alors été accusé d’être à l’origine de l’accident pour avoir procédé à une course-poursuite. Là encore sur les réseaux sociaux, des illuminés (encore eux), ont envenimé la situation incitant les populations à la révolte.  On déplore de nombreux dégâts matériels. Mais à l’origine, tout était faux ! Le véritable fauteur de trouble est l’accidenté lui-même (paix à son âme).

Au demeurant, des malfrats ont profité des troubles pour piller des magasins. Normal ! Il faut signaler que sur ordre de la hiérarchie, les patrouilles de police ont abandonné leurs positions respectives ailleurs pour se rendre sur le lieu de l’accident, laissant les populations en ces lieux à elles-mêmes. Des commissariats se sont vidés suite au même appel…  Et si c’était le but de ce qu’il faut qualifier de stratagème de la part des fauteurs de troubles ?

Nous sommes parfaitement à l’aise pour évoquer ces questions dans la mesure où, dans ces mêmes colonnes, nous avions dénoncé et continuons de dénoncer les travers et exactions de la même Police, mais en toute vérité, sans démagogie aucune. 

Il s’avère de nos jours, hélas, que cette police qui n’a pas que des lacunes (loin s’en faut), est victime d’intrigues et de manigances visant à la détruire. Et le silence mystérieux des plus hautes autorités intrigue !

Puisque désormais militarisée, les fausses accusations dont elle a été victime devraient être sanctionnées pour tentative de «démoralisation de la troupe». Le procureur de la République s’est autosaisi pour moins que ça !    

Attention en tout cas !

Batomah Sissoko