Journal Le Sphinx

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Mali-Algérie : Que finissent l’affectif et le relationnel   !

La récente effervescence des relations entre le Mali et l’Algérie est diversement commentée par l’opinion malienne avec une tendance vers l’émotionnel. Ce qui confirme le constat général selon lequel nous (Maliens) avons été souvent naïfs en ayant une lecture sous un angle affectif de nos relations avec les autres pays en nous leurrant avec des commentaires du genre « vu les liens de fraternité, d’amitié…”,  » … des milliers des nôtres sont tombés pour libérer la France », « … l’Algérie est ingrate et a oublié le soutien indéfectible que nous leur avons assuré durant leur guerre de libération… »  et ainsi du reste.

La majorité des Maliens continuent encore à commenter notre actualité politique en puisant dans l’angélisme. N’est-il pas temps pour nous de privilégier la voie de la raison et assumer nos intérêts ? 

Aucun État responsable et respecté n’acceptera de marcher sur ses intérêts pour faire valoir des liens stériles d’amitié et de fraternité !

Tout laisse croire que l’Algérie a compris que l’entretien de la crise sécuritaire au Nord du Mali est une opportunité pour elle d’asseoir et de conforter son leadership et son hégémonie dans la région sahélienne. Ne perdons pas de vue que cette posture est fondamentalement motivée à la fois par des questions de sécurité intérieure algérienne et des questions d’ordre économique dont le principal enjeu reste l’exploitation des immenses ressources minières du Liptako Gourma et du bassin de Taoudéni.

Notre naïveté serait justement d’attendre que l’Algérie renonce spontanément à cette opportunité du fait des liens historiques et autres qu’elle a avec le Mali. Nous attendrions longtemps et en vain ! Nous soutenons cette affirmation par, entre autres, deux communiqués récents publiés par le Ministre algérien des Affaires Étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Monsieur Ahmed Attaf, à savoir

= I) le Communiqué du 13 décembre 2023 faisant la promotion de l’Accord d’Alger et

II) le Communiqué du 21 décembre 2023 relatif à la convocation de l’Ambassadeur du Mali en Algérie. 

En questionnant un peu le communiqué du 21 décembre 2023, on note que c’est avec insistance que l’Algérie nous fait noter que l’Accord de Paix est « …pour répondre aux ASPIRATIONS LÉGITIMES DE TOUTES LES COMPOSANTES DU PEUPLE MALIEN.

Entendez par composantes du peuple malien le Gouvernement du Mali et les terroristes narco-trafiquants à qui on reconnaît des aspirations légitimes !

Le même communiqué poursuit que c’est dans l’esprit de privilégier « la voie de la paix et de la réconciliation qui sont les garants véritables de la sécurité, le développement et la prospérité du Mali  » que L’ALGÉRIE CONÇOIT ET ASSUME SON RÔLE de Président du Comité de Suivi de l’Accord de Paix. Saurait-on être plus clair que ça pour assumer ses intérêts ?

Le monde est en compétition. Sortons des illusions construites avec des arguments d’ordre affectif et relationnel !

Nazirou Sacko

 Fonctionnaire international à la retraite

Baco-Djicoroni

Tél : 223 76 10 04 11