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Le lait local au Mali : un potentiel non-négligeable

Importations de produits laitiers Les importations officielles de lait en poudre se situeraient autour de 60.000 à 70.000t/an (équivalent lait, soit autour de 10.000 t de poudre). Cependant, les importations réelles pourraient atteindre 150.000 t (équivalents laits) / an, soit entre 1/3 et 1/6 des besoins du pays en lait. Il est estimé (Corniaux 2013) que la consommation rurale est essentiellement couverte par l’autoconsommation de lait local et que la consommation de la capitale est essentiellement couverte par les produits transformés ou reconditionnés au Mali ou dans la sous-région mais issus de lait en poudre importé. Les villes secondaires seraient dans une situation intermédiaire (90 à 95% de poudre à Bamako, 85% à Ségou, 80% à Sikasso et 50% à Mopti).

Avec 78 entreprises recensées par le regroupement et une production estimée à plus de 65 milliards Fcfa, la filière lait est un sous-secteur à fort potentiel. Mais au vu de l’environnement réglementaire peu favorable, du manque de formation des acteurs, de l’importance de la quantité de lait importé, force est de reconnaitre que le potentiel n’est pas entièrement exploité.

«Au Sénégal, on a deux grandes opportunités. D’abord, un gros cheptel, environ 3 millions de bovins pour une population de 12 millions d’habitants. Un ratio qui montre que le Sénégal est un grand pays d’élevage, comparé à la France qui a environ 18 millions de bovins pour 60 millions d’habitants. C’est à peu près le même ratio. Pourtant, la France est un grand pays exportateur de productions animales en général et de lait en particulier. Si on a 3 millions de bovins, on ne doit pas importer du lait.

On devrait être exportateur. Le deuxième potentiel, c’est le marché, les Sénégalais consomment énormément de produits laitiers (lait caillé, yaourt, lait en poudre…). Soit 30 kg par habitant et par an. C’est un pays où il y’a un  marché de 360 millions de litres pour les produits laitiers et c’est un gros business. Il y’a en amont, beaucoup de potentiel à exploiter et en aval, beaucoup d’opportunités à saisir. On n’a pas d’industries capables de se structurer, d’être un vrai maillon qui relie les 3 millions de vaches avec les 12 millions d’habitants». Cette analyse de M. Bagoré Bathily, promoteur de la Laiterie du Berger, exprime à suffisance la situation qui prévaut présentement dans la filière laitière au Sénégal.

Le constat est clair, la filière lait dispose d’un gros potentiel. C’est pourquoi elle a été retenue parmi les piliers de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA). Mais si disposer d’un potentiel est une chose, l’exploiter à fond en est bien une autre.

Au Sénégal, on a deux grandes opportunités. D’abord, un gros cheptel, environ 3 millions de bovins pour une population de 12 millions d’habitants. Un ratio qui montre que le Sénégal est un grand pays d’élevage, comparé à la France qui a environ 18 millions de bovins pour 60 millions d’habitants. C’est à peu près le même ratio

Même si des efforts sont en train d’être faits par des acteurs locaux, force est de reconnaitre que tout le potentiel est loin d’être exploité. En effet, avec un total avoisinant les 3 millions de vaches, seuls un tiers de la consommation nationale est produit localement.

Une facture laitière annuelle de 70 milliards Fcfa

S’il y a un acteur qui devrait encourager le développement de la filière laitière, c’est bien l’Etat du Sénégal. En effet, chaque année, la facture laitière s’élève à près de 70 milliards pour le lait importé. Mais si aujourd’hui, la filière laitière locale peine à se développer jusqu’à couvrir la demande nationale, la raison est à chercher, en partie, dans l’environnement règlementaire qui semble, selon les acteurs locaux, favoriser l’importation au détriment des producteurs locaux.

«L’environnement réglementaire n’est pas favorable à l’émergence d’une filière locale car il n’y a pas d’incitation, on n’y gagne rien. Acheter du lait local, c’est beaucoup plus compliqué. Parce qu’il faut aller dans les zones de production, travailler avec une centaine d’éleveurs, les organiser, les accompagner, il faut leur apporter des intrants. C’est toute une activité alors que c’est mille fois plus simple d’importer des containers de poudre. Si on a une usine à Dakar, on fait des commandes et on dispose de notre approvisionnement.

La facture laitière s’élève à près de 70 milliards pour le lait importé. Mais si aujourd’hui, la filière laitière locale peine à se développer jusqu’à couvrir la demande nationale

«Il n’y a aucun effort pour valoriser la production de lait local et c’est un gros paradoxe. Aujourd’hui, les importations de lait en poudre sont plus facilitées au Sénégal. Il y a aucune contrainte. Les droits de douane sont diminués à hauteur de 5% pour l’importation de lait en poudre alors que pour le lait local, les entreprises, qui sont dans la filière, payent la TVA, toutes les taxes et ne bénéficient d’aucun appui, ni d’aucune facilitation de la part de l’État. Il n’y a pas de contrainte pour décourager les importations et aucun mécanisme de protection, ni même d’incitation à la production locale».

Aujourd’hui, ce manque de soutien a fait que les industriels sont obligés de tourner le dos à la production locale. Et pour beaucoup de raisons. Selon M. Bathily, les 120 millions de litres sont produits en l’espace de 3 mois. Pour le reste de l’année, il n’y a pratiquement rien à se mettre sous la dent. Et le patron de la Laiterie du Berger croit en savoir les raisons. Selon lui, le lait change vite et comme, au niveau local, les gens le traitent à la main, il y’a des risques de contamination sur le plan sanitaire et des problèmes de qualité qui constituent d’énormes risques pour les industriels.

«Les industriels aimeraient avoir un lait qui arrive de façon constante à l’origine, un prix constant pour toute l’année et aussi une qualité constante. Finalement, les industriels disent que même si la production locale est là, elle ne nous intéresse pas. Ils préfèrent importer avec plus de sécurité. L’Etat n’offre pas d’incitation à ceux qui font l’effort d’acheter du lait frais».

Plaidoyer pour la mise en place d’une politique laitière cohérente…

Aujourd’hui, qu’on soit professionnel ou simple fermier, chacun se bat de son côté et apprend à voler de ses propres ailes. Pour cause, aucune politique laitière n’est appliquée au Sénégal. Pourtant, ce n’est pas par manque de propositions.

Les droits de douane sont diminués à hauteur de 5% pour l’importation de lait en poudre alors que pour le lait local, les entreprises, qui sont dans la filière, payent la TVA, toutes les taxes et ne bénéficient d’aucun appui, ni d’aucune facilitation de la part de l’État

En effet, selon le président des professionnels de la filière lait, depuis 2010, la Fédération a monté un dossier de plaidoirie pour l’institutionnalisation de campagnes laitières au Sénégal. Des appels du pied qui semblent tomber dans l’oreille de sourds, du moins, avec l’ancien régime. «Nous avions eu beaucoup de problèmes à le leur faire comprendre. Donc, cette question-là n’a pas été prise en charge», confie-t-il.

Par ailleurs, toujours selon M. Diaw, le ministère du Commerce a décidé d’apporter sa contribution dans cette campagne laitière en facilitant la mise en relation avec les industriels et les professionnels du lait qui utilisaient, comme matière première, le lait en poudre importé.

«Il s’agit de voir si ces industriels pourraient incorporer une partie de notre production, une partie de cette collecte, dans leur production. Si on arrivait à mettre sur pied et à valoriser, ne serait-ce que le tiers de ce surplus qui était déversé, le plan va réussir. Il est question de poursuivre les travaux pour que la campagne prochaine, c’est-à-dire l’édition de 2014, soit un succès total et que plus jamais, aucun surplus de lait ne soit négligé», espère-t-il.

«Au Sénégal, la particularité, c’est qu’on a les laiteries à Dakar parce que c’est ici leur marché. Et leur approvisionnement se fait au niveau du Port, mais pas au niveau du bassin de collecte puisqu’ils importent du lait en poudre à partir duquel elles reconstituent le lait pour en faire un produit fini. L’infrastructure de production de lait frais est positionnée en ville au lieu de la campagne. C’est pourquoi on parle de problème de transport du lait cru. C’est beaucoup plus difficile de transporter du lait cru que du produit fini sur des centaines de kilomètres.

C’est un vrai enjeu, aujourd’hui, de délocaliser les industries qui veulent traiter nos productions brutes. C’est aussi valable pour les cultures vivrières dans la vallée du fleuve. Les rizières sont là-bas et pas à Dakar. Notre particularité est de construire une usine qui soit la destination claire du lait frais sénégalais. C’est pourquoi, nous avons installé notre usine à Richard Toll, un des grands bassins de production du lait au Sénégal», indique M. Bathily.

Toujours côté attentes, il y a la question de la formation des acteurs. S’il est vrai qu’il n’est pas possible d’apprendre à un éleveur comment gérer son troupeau, il est aussi vrai que, pour un approvisionnement en lait régulier et en qualité, certaines connaissances semblent indispensables.

«On ne devient pas un éleveur moderne du jour au lendemain. Ce n’est pas le même métier. On élève des vaches dans le Sahel en transhumant. C’est tout un savoir-faire. Ce ne n’est pas la même chose que d’élever des vaches qui doivent produire une quantité de lait, avec une qualité déterminée. Il faut accompagner les éleveurs pour qu’ils allient leur savoir-faire traditionnel à un savoir-faire productif, où ils vont chercher à gagner de l’argent et être un des maillons de la chaine. Il n’y a pas d’écoles de formation pour éleveurs. Il faut que les industriels s’engagent à prendre des orientations à long terme. Il faut que les consommateurs s’engagent à cultiver une consommation de produits locaux quand la qualité est là».

La production

En Afrique de l’Ouest, la production laitière est assurée par des modèles pastoraux extensifs, des modèles paysans agro-pastoraux et des modèles urbains. En termes de production, ce sont les modèles pastoraux traditionnels extensifs qui dominent dans le secteur laitier des pays de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (UEMAO). Ces modèles y représentent 70% de la production du lait local, avec un cheptel pouvant aller de 3,3 millions de têtes au Sénégal à 9,8 millions de têtes au Niger. Si on prend l’exemple du Niger, du Mali, et du Burkina Faso, l’élevage contribue à hauteur de 11% à 18% au PIB; la production de lait de vache y représente 20 à 40% du chiffre d’affaire de l’élevage. De plus, le Mali et le Niger s’avèrent être les plus gros producteurs de lait, ce qui s’explique par la grandeur de leur cheptel: 9,2 millions de têtes de bétail et 309 millions de litres de lait de vache par an au Mali, contre 9,8 millions de têtes et 486 millions de litres pour le Niger.

Les systèmes pastoraux extensifs sont basés sur la mobilité des troupeaux et des communautés d’éleveurs s’adaptent à l’environnement et se déplacent à la recherche d’eau et des pâturages de qualité. Ayant une très bonne connaissance du milieu qui les entoure, ils savent dans quelle direction aller pour accéder à des pâturages de meilleure qualité. Les systèmes pastoraux sont des systèmes mixtes, produisant à la fois de la viande et du lait, bien que la production laitière ne soit pas forcément considérée par les éleveurs comme une activité économique intéressante. Entre 70 et 80% des producteurs considèrent le lait comme une production secondaire à leur exploitation, leur principale production étant la viande.

La production laitière dans les systèmes pastoraux est caractérisée par plusieurs éléments importants, dont entre autres l’autoconsommation. Pour les producteurs pastoraux, le lait est avant tout un produit qu’ils utilisent eux-mêmes pour la croissance des veaux, ou comme aliment. En effet, le lait constitue une ressource alimentaire primordiale pour les familles d’éleveurs pastoraux. La plupart consomment d’ailleurs leur propre lait. Au Burkina Faso par exemple, 80% de la production laitière est autoconsommée.

Néanmoins, de plus en plus, les systèmes pastoraux commencent à évoluer et à s’intensifier. En effet, on constate que certaines familles tendent à se (semi-)sédentariser et à développer des cultures fourragères ainsi qu’à stocker de l’herbe de brousse fauchée. Les éleveurs pastoraux évoluent donc vers le modèle paysan agro-pastoral qui intègre l’agriculture et l’élevage. Contrairement au modèle pastoral, celui-ci utilise des compléments disponibles localement pour nourrir les troupeaux en période sèche.

La collecte et la transformation

En zone rurale, seule une très petite partie du lait issue de la production agro-pastorale est collectée et transformée. Généralement, cette partie ne dépasse pas les 10% de la production régionale. Ce lait est principalement collecté par des mini-laiteries dont le nombre est en augmentation depuis 20 ans. A titre d’exemple, en 2000 on trouvait 19 mini laiteries au Burkina-Faso, 8 mini-laiteries au Mali et 2 mini laiteries au Niger. En 2010, dans ces mêmes pays, on trouvait respectivement 47 mini-laiteries, 23 mini-laiteries et 12 mini-laiteries.

Si on prend l’exemple du Niger, du Mali, et du Burkina Faso, l’élevage contribue à hauteur de 11% à 18% au PIB; la production de lait de vache y représente 20 à 40% du chiffre d’affaire de l’élevage. De plus, le Mali et le Niger s’avèrent être les plus gros producteurs de lait, ce qui s’explique par la grandeur de leur cheptel: 9,2 millions de têtes de bétail et 309 millions de litres de lait de vache par an au Mali, contre 9,8 millions de têtes et 486 millions de litres pour le Niger

Les mini-laiteries se définissent comme «des unités, situées généralement en zone périurbaine, produisant des produits laitiers divers et les vendant localement à petite échelle. Elles disposent d’un réseau de collecte et de distribution.

A côté des mini-laiteries, il existe également des centres de collecte paysans multi-services, nouveaux acteurs dans la filière laitière locale, principalement au Niger et au Mali. Ces centres ont pour but de faire le lien entre les producteurs et les industriels. Ils se caractérisent par:  une diversité de services (la collecte mais aussi la commercialisation, l’approvisionnement en aliment du bétail et le conseil technique); une gouvernance paysanne; l’appui sur un bassin de production;  la liaison avec un industriel (demandeur de lait local en quantité et qualité);  la collecte plutôt que la transformation (à la différence des mini-laiteries).

La commercialisation

En zone rurale, Il n’est pas rare que les éleveurs – et dans la plupart des cas les femmes/éleveuses – transforment eux-mêmes leurs produits et le vendent dans les circuits courts. Sur ce même marché, on retrouve donc le lait cru vendu par les femmes des éleveurs et le lait pasteurisé, vendu par les mini-laiteries qui l’ont transformé. En effet, tout comme pour la collecte et la transformation, les mini-laiteries font également partie des acteurs les plus importants dans la commercialisation du lait en zone rurale en Afrique de l’Ouest. Les mini-laiteries achètent le lait aux producteurs, le transforment et le vendent, au détail ou directement sur les marchés locaux.

En zone (péri-urbaine, les laiteries de plus grande taille jouent aussi un rôle important dans la commercialisation du lait. Généralement privatisées et ayant un but lucratif, elles sont relativement déconnectées de la production laitière locale. Les fermes urbaines écoulent aussi leur lait (frais et caillé) et ses sous-produits sur les marchés des grandes villes.

En ville comme en zone rurale, la vente de lait peut se faire directement du producteur au consommateur via du porte à porte ou sur des marchés locaux. Dans ce cas, ce sont souvent les producteurs qui transforment eux-mêmes leurs produits.

Suite à l’arrivée du lait en poudre, relativement moins cher et facile d’utilisation, plusieurs petites entreprises apparaissent (cafés, restaurants, marchés, cantines) et évoluent dans le secteur informel. Ces dernières s’adaptent très vite à la demande croissante des villes et commercialisent des (sous-)produits à base de lait en poudre comme le yaourt par exemple. Les grandes enseignes de supermarché suivent le même chemin et commercialisent elles aussi principalement du lait en poudre.

Contraintes pour le lait local

Malgré cette évolution plutôt positive, plusieurs obstacles empêchent encore le lait local d’exprimer son plein potentiel en Afrique de l’Ouest, notamment le rendement peu élevé de la production et sa saisonnalité. Au sein des systèmes pastoraux en zone rurale, le rendement laitier est relativement faible: une vache moyenne produit entre 1 et 4 litres de lait par jour. Ceci est dû entre autres au caractère peu productif des races locales et à un usage pratiquement nul des compléments alimentaires pour le bétail. Par ailleurs, la production varie fortement selon les saisons, avec une production plus élevée pendant la saison pluvieuse et une production très basse pendant la saison sèche. Cette variation influence toute la chaîne de valeur, puisqu’elle empêche d’assurer une production constante tout au long de l’année. Dès lors, les unités de collecte et de transformation se tournent vers le lait en poudre pour continuer à fonctionner.

Un autre obstacle, qui découle en partie de la saisonnalité de la production, est l’éloignement entre zones de production et zones de collecte/transformation. Au sein des systèmes pastoraux, les élevages se trouvent souvent dans des zones difficilement accessibles ou sont régulièrement en mouvement, ce qui rend la collecte parfois compliquée et onéreuse (ce sont généralement des collecteurs privés qui fournissent les mini-laiteries). Par conséquent, le lait collecté met du temps avant d’arriver jusqu’aux mini-laiteries, ce qui impacte sa fraicheur et donc sa qualité.

A cette première contrainte s’ajoute un manque d’investissement dans les zones rurales et dans la production laitière en particulier, qui se traduit un manque d’infrastructures et influe négativement sur le prix du lait local. A titre d’exemple, en 2017 et 2018, le prix payé au producteur pour un litre de lait local au Burkina Faso, au Niger, au Mali et au Sénégal, était de 250 FCFA (vente directe en zones rurales), 500 FCFA (vente directe en zones urbaines) et 300 FCFA (vente au collecteur ou au transformateur). Au cours de la même période, le prix du lait en poudre importé dans ces pays était de 304 FCFA pour 1 litre de poudre de lait entier et 198 FCFA pour un litre de mélange de poudre de lait écrémé (prix payé par le transporteur). Cette différence de prix reflète des conditions de production beaucoup plus favorables et la subvention des importations de lait en poudre.

Mais le principal frein au développement du lait local en Afrique de l’Ouest reste politique, que ce soit au niveau national (manque d’investissement dans la filière) ou commercial. Les relations commerciales entre l’Union européenne et les pays de l’Afrique de l’Ouest favorisent l’importation de lait en poudre à bas prix dans la région.

La valorisation du lait local en Afrique de l’Ouest à travers trois modèles entrepreneuriaux

La majorité du lait local en Afrique de l’Ouest est valorisé à travers des circuits dans lesquels les mini-laiteries constituent des éléments structurants. Les mini-laiteries sont en effet des structures organisées, qui assurent la coordination des activités de valorisation du lait local. Ces laiteries sont de véritables petites entreprises qui commercialisent les produits qu’elles transforment. Ainsi, elles parviennent à valoriser le lait issu des systèmes agro-pastoraux. Au niveau de la collecte par exemple, elles obligent les éleveurs à s’organiser pour assurer une collecte collective, ce qui a un impact positif sur la qualité du lait fourni à la mini-laiterie. En effet, en cas de collecte collective, le lait de tous les producteurs est mélangé avant d’être livré à la mini-laiterie. Les éleveurs doivent donc redoubler de vigilance par rapport à la qualité de leur lait, car une seule portion de lait de mauvaise qualité peut contaminer l’ensemble de la collecte et mettre en péril le revenu de tous les producteurs. Dans les modèles structurés autour des mini-laiteries, on distingue deux sous-modèles sur base de l’implication du secteur privé:

  • le sous-modèle coopératif intégral, dans lequel il n’y a qu’un seul acteur privé – l’association des producteurs/ la coopérative – qui structure toute la filière, de la production jusqu’à la vente;
  • le sous-modèle mixte, dans lequel plusieurs acteurs privés sont impliqués.

Le sous-modèle coopératif intégral

Ici, ce sont les coopératives et les associations d’éleveurs qui interviennent à chaque maillon de la chaîne de valeur (production, collecte, transformation et commercialisation). Les coopératives représentent les intérêts communs des éleveurs. Ce type de laiterie en coopérative possède plusieurs avantages, le premier étant sans aucun doute son ancrage local. La coopérative, qui regroupe les éleveurs, promeut la production laitière locale et par conséquent a un effet positif sur l’économie locale. Grâce à sa structure coopérative, les revenus sont répartis entre les producteurs, apportant ainsi une sécurité financière à chacun. De plus, comme la coopérative organise également la vente des produits transformés (commercialisation), elle en contrôle la qualité, ce qui est fortement apprécié par les consommateurs. Il faut également souligner l’importance du modèle pour l’émancipation des femmes, souvent membres de la coopérative. Travailler au sein de la coopérative leur permet de générer un revenu qui leur est propre.

Au sein des systèmes pastoraux, les élevages se trouvent souvent dans des zones difficilement accessibles ou sont régulièrement en mouvement, ce qui rend la collecte parfois compliquée et onéreuse (ce sont généralement des collecteurs privés qui fournissent les mini-laiteries). Par conséquent, le lait collecté met du temps avant d’arriver jusqu’aux mini-laiteries, ce qui impacte sa fraicheur et donc sa qualité

Ce modèle n’est cependant pas parfait et est souvent confronté à des difficultés, notamment au niveau de la fidélisation des éleveurs. Bien que ceux-ci fassent partie de la coopérative qui gère tout le processus de la production à la commercialisation, ils peuvent dans certains cas choisir de fournir leur lait à d’autres mini laiteries qui leur offrent un prix supérieur pour leur lait. De plus, par manque de moyens financiers, les mini laiteries fonctionnant selon un modèle entièrement coopératif n’ont pas toujours la possibilité de fournir des services aux producteurs en plus de leur rémunération.

Le sous modèle mixte

Ce modèle implique l’implication de plusieurs acteurs privés dans la valorisation du lait local. La (mini-)laiterie est généralement gérée par une coopérative – souvent de femmes – mais les éleveurs/producteurs fournissant le lait à la mini-laiterie n’en sont pas actionnaires. Ce sous modèle permet aux coopératrices de tirer des bénéfices directs de la vente du lait, leur permettant ainsi de passer d’un statut de vendeuses ambulantes à un statut de vendeuses collectives dans un cadre formel. Ce modèle présente différents avantages pour les éleveurs, notamment les services qui leur sont offerts par la coopérative/(mini-)laiterie (accès plus facile à l’alimentation du bétail à travers des banques d’aliments pour le bétail) et, de manière générale, une rémunération plus élevée pour leur lait. Cependant, le principal désavantage du modèle est que les attentes et intérêts des producteurs peuvent diverger puisqu’ils ne sont pas actionnaires, ce qui peut mener à des conflits. De plus, les prix ne sont pas souvent fixés de manière formelle.

Les centres de collecte multi-services

Les centres de collecte multi-services constituent un deuxième modèle entrepreneurial de valorisation du lait local. Ces centres sont généralement gérés par les éleveurs. Leur mode de fonctionnement n’est pas tout à fait le même que celui des mini-laiteries. Ils travaillent avec des collecteurs privés qui achètent le lait aux éleveurs pour le revendre ensuite aux centres. Travailler avec des collecteurs privés permet d’améliorer la quantité et la qualité du lait local, car les collecteurs vont chercher le lait chez les éleveurs – qu’ils obligent souvent à se regrouper – et font un premier contrôle de qualité. Les centres fournissent aussi plusieurs services aux producteurs comme un accès constant à de l’alimentation pour le bétail et à des conseils techniques et vétérinaires.

Les laiteries industrielles

Dans ce modèle, la laiterie industrielle organise la chaîne de valeur. Tous les acteurs au sein de ce modèle sont indépendants les uns des autres : les producteurs ne se réunissent pas vraiment et les laiteries sont des entités privées qui ne sont pas gérées par des coopératives. Le bénéfice de ce modèle revient au producteur individuel: il peut choisir la laiterie qui lui offre le meilleur prix pour son lait. Ce modèle fait donc concurrence aux mini-laiteries, qui ne sont pas souvent capables d’offrir un prix aussi intéressant aux producteurs. Dans certains cas, les laiteries industrielles essaient de fidéliser les producteurs en leur offrant des débouchés sûrs et des services (soins vétérinaires et aliments bétail).

L’atout principal de ce type de modèle est qu’il permet de développer des laiteries de plus grande taille, avec des rayons de collecte plus importants, et donc d’augmenter la quantité de lait collectée. De plus, il permet de créer de nombreux emplois et fournit des services intéressants aux éleveurs. Cependant, comme la laiterie est une entité privée indépendante, ses intérêts peuvent diverger de ceux des producteurs qui lui fournissent du lait. Dès lors, à la saison sèche, et même parfois à la saison des pluies, il arrive que certaines laiteries se fournissent en lait en poudre importé pour répondre aux demandes croissantes, notamment des centres urbains, plutôt que de se fournir auprès des producteurs locaux (Laiterie du berger).

Sénégal : L’État et la Banque Nationale pour le Développement Économique (BNDE) renforcent leur dispositif d’appui en faveur des femmes, des jeunes et des entreprises.

La Banque Nationale pour le Développement Economique du Sénégal (BNDE) est une banque universelle innovante, accessible et partenaire privilégiée des PME. Elle a débuté ses activités en 2014, avec ses 208 collaborateurs, elle s’appuie sur un réseau de 18 agences auxquelles, il faut ajouter plus de 25 points de service pour répondre aux attentes de sa clientèle.  Elle a été créée pour répondre à l’accès au financement des PME-PMI, particuliers et d’apporter des réponses globales à leurs besoins financiers. Divers secteurs d’activités ont été impactés notamment : l’Agriculture, le Commerce, les Services, le Transport, le Bâtiment…