Journal Le Sphinx

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TRIBUNE

POUR L’ AFRIQUE ET POUR TOI MALI

Tout le monde parle actuellement de bouillonnement sociopolitique. Dans les grins, dans la presse, dans les transports en commun, dans les marchés, ça se discute. Tant mieux pour une nation organisée qui a son opinion nationale vitale et alerte.

Avec un peu de jugeote, on ne peut nier cette évidence. Syndicats, partis, activistes de tous bords, tout le monde crie sur fonds de vie chère, d’insécurité, d’insalubrité, et tout ce qui fait se ressentir le mal être. Sans oublier l’avant-projet de constitution. Ces dossiers ne sont pas nouveaux.

 Pendant son mandat, les maliens avaient fait savoir à ATT que le pays était sur répondeur, que l’argent ne circulait pas. Sous IBK la vie chère est revenue, les syndicats ont rué dans les brancards comme c’était le cas depuis Modibo Keita. Il en est ainsi dans un état, pour une nation. A chaque fois, c’est au gouvernant de trouver la parade, qui convienne à ces maux et à leur époque.

J’ai la chance d’être un modeste  témoin actif  de cette vie sociopolitique de mon pays depuis au moins 25 ans. J’ai eu l’impression qu’IBK et son régime ont vite oublié les raisons qui ont amené la Transition de 2012. Cela a été dit jusqu’à sa chute. Et maintenant j’entends à gauche et à droite les mêmes récriminations faites à IBK de ne pas tirer les leçons du passé récent, chaud ou frais dans les mémoires.

Si j’ai un seul conseil à donner aux autorités actuelles et singulièrement à ceux que les maliens et les africains appellent affectueusement « les cinq colonels », aux chefs d’institutions actuels, à la gouvernance actuelle, de même que tous ceux qui sont en responsabilité au plus petit échelon, du chef d’institution au chef de section, à l’agent mandaté: que les Maliens et l’Afrique les regardent.

Les Maliens et les Africains, citoyens de base, demandent que la marche enclenchée ne doit faiblir, que la cadence doit rester soutenue, que la mobilisation ne doit faiblir.

En cela il faut au plus haut degré, entre nos dirigeants, nos responsables, nous citoyens, de la loyauté, de la dignité, de la probité, par-dessus tout, du patriotisme.

L’heure est à la préservation de l’intérêt général dans un écosystème politico-économico-sécuritaire certes fragile. 

Il y a quelques mois, sur cette même page j’ai parlé de l’individualisme. Ce mal continue de gangrener notre société malienne, notre administration sur fond de course pour l’enrichissement personnel, pour le confort individuel. Cela à un moment où toutes les actions doivent être communes, collectives, collégiales pour le Mali et pour l’Afrique.

En responsabilité nationale, sur la haute marche du podium, il faut agir en homme d’État, quand le destin nous y propulse, car c’est seul l’homme d’État  qui pense aux générations futures et qui s’oublie. Il le faut à travers les idées, les actions, les réformes dont le souvenir reste indélébile pour l’histoire.

C’est en cela que l’on cite aujourd’hui encore Modibo Keita, Kwame N’Krumah, Thomas Sankara et autres.

Pour les Maliens et les Africains, une révolution est née au Mali et est en marche. Jusque dans les Antilles, le Mali est scruté, admiré, envié. Travaillons à ce que cela ne devienne poussière. La révolution a cela de particulier qu’elle génère des ennemis en son sein, à côté et même loin. Alors comme le dit Richard Kingsley Morgan, écrivain britannique : « toute révolution exige des sacrifices ».

Si  nous laissons le « mur Mali » se fissurer, les margouillats, lézards et autres reptiles n’attendent que de s’y engouffrer. Nous avons une intelligence collective à fort quotient pour empêcher cela, fort de la richesse de notre vivre ensemble, de notre héritage culturel et historique. 

Quel sacrifice nous demandent les temps actuels, pour le Mali et pour l’Afrique ? A mon avis c’est de nous sacrifier nous-mêmes, de nous éloigner de l’individualisme, de prendre les bonnes décisions pour le bien du plus grand nombre, de mettre au travail  les serviteurs désintéressés et engagés, en nous éloignant de ces castings népotiques et infructueux, de mettre la vertu en toute idée et en toute action.

Ce menu est un viatique pour éviter le naufrage individuel ou collectif.

Le Mali nous a déjà tant donné, donnons-lui ce qu’il mérite, pour qu’il mérite de l’Afrique, du monde et de l’universel.

Alassane Souleymane

Journaliste