Depuis plus de 2 ans, le Trésor américain qui a accusé Karim Kéïta d’avoir organisé l’enlèvement, la torture et le meurtre de Birama Touré, attend toujours la version des faits que ce dernier avait promise
Le 9 décembre 2022, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Département du Trésor des Etats-Unis, lors de la commémoration de la Journée internationale de lutte contre la corruption et de la Journée des droits de l’homme, sanctionnait un large éventail de plus de 40 personnes dont le sulfureux Karim Kéïta que le Trésor américain accuse d’avoir détourné des fonds publics et reçu des pots-de-vin pour favoriser l’attribution de contrats à certaines entreprises. Le Trésor a décidé de le sanctionner – gel des avoirs, interdiction de se rendre aux États-Unis – d’abord pour des soupçons de corruption liés aux affaires de l’achat de l’avion présidentiel et des contrats d’équipements militaires surfacturés datant de 2014. Last and not lease, le Trésor américain accuse Karim Kéïta d’avoir organisé l’enlèvement, la torture et l’assassinat du notre collègue et confrère Birama Touré
« Je tiens à réaffirmer mon innocence », avait déclaré Karim Keïta dans un communiqué datant du mercredi 14 décembre 2022. Il y dénonçait « des procédures à finalités politiques évidentes », un « lynchage » organisé par « des médias instrumentalisés » et le non-respect de la présomption d’innocence dont il devrait bénéficier « jusqu’à ce que la preuve contraire soit apportée. »
Ce dernier à travers ses avocats avaient promis d’apporter les preuves de son innocence Mais voilà bientôt 27 longs mois que le Trésor américain qui a gelé ses avoirs et l’interdit de se rendre aux Etats-Unis attend sa version des faits. Comme des millions de Maliens. Mais en vain.
Ce communiqué du Trésor américain qui vient corroborer les enquêtes du site « Africa Kibaru » et des journaux « Le Pays », « Le Matinal » et « Le Sphinx », se base sur des faits vérifiés à plusieurs niveaux par les agents du renseignement américain a été reçu par Karim Kéïta, ses parents et ses aficionados comme un coup de massue dont ils ne se sont jamais relevés
Dans son communiqué, le Trésor américain, dit « avoir pris au cours de l’année 2021 de nombreuses mesures pour promouvoir la responsabilité́ des auteurs de violations des droits de l’homme et des acteurs corrompus à travers le monde, y compris des sanctions contre des dizaines d’individus et d’entités « Les acteurs corrompus et les auteurs de violations des droits de l’homme s’appuient tous deux sur les lacunes du système financier international pour mener leurs activités », a déclaré́ le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, Brian E. Nelson.
« Au cours de l’année 2021, renseignait le communiqué, « le Trésor américain a fait de la lutte contre la corruption et les graves atteintes aux droits humains une priorité́ absolue, notamment par le recours à des sanctions financières et la résolution des vulnérabilités des systèmes financiers américain et international. En exposant le comportement flagrant de ces acteurs, nous pouvons contribuer à perturber leurs activités, à démanteler leurs réseaux et à les priver de ressources. »
Assassinat de Birama Touré
Dans le même communiqué , le Trésor américain précisait que « Karim Keita est le fils de l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keita et l’ancien président de la Commission de Sécurité́ et de Défense de l’Assemblée nationale du Mali. Qu’il supervisait les dépenses de la Défense du Mali de février 2014 à août 2020, lorsque l’armée a renversé́ son père. » Toujours selon le même communiqué, « Keita aurait utilisé́ sa position pour recevoir des pots-de-vin, attribuer des contrats à des affilies qui lui ont ensuite versé des pots-de-vin et détourner des fonds publics en surpayant des contrats de matériel. Par l’intermédiaire de son père, Karim Keita se serait arrangé pour retirer de leurs fonctions les fonctionnaires qui ne soutenaient pas sa corruption. Qu’il a également ostensiblement organisé des pots-de-vin pour soutenir la réélection de son père. Après l’éviction de son père, Keita s’est enfui en Côte d’Ivoire, où il occupe le poste de PDG de Konijane Strategic Marketing.. L’OFAC désigne Karim Keita conformément à l’EO 13818 comme entant une personne étrangère qui est un fonctionnaire actuel ou ancien du gouvernement, ou une personne agissant pour ou au nom d’un tel fonctionnaire, qui est responsable ou est complice de, ou s’est directement ou indirectement engagé dans la corruption, y compris le détournement de biens de l’État, l’expropriation de biens prives à des fins personnelles, la corruption liée à des contrats gouvernementaux ou à l’extraction de ressources naturelles, ou les pots-de-vin. L’OFAC désigne également Konijane Strategic Marketing, basé en Côte d’Ivoire, comme étant détenu ou contrôlé par Karim Keita. Séparément, Karim Keita est également accusé d’avoir organisé́ l’enlèvement, la torture et le meurtre apparent de Birama Touré, un journaliste qui enquêtait sur l’implication de Keita dans la corruption. Plusieurs témoins affirment avoir vu Touré dans une prison gérée par les services de renseignement maliens avec des signes clairs d’avoir été brutalement torturé. Au moins un témoin a affirmé́ avoir vu le corps apparemment sans vie de Touré retiré de la prison en présence de Karim Keita. Ce dernier aurait fait pression sur un avocat pour qu’il ne prenne pas en charge le cas de Touré, tandis qu’un autre témoin a affirmé́ que Touré lui avait dit en prison qu’il a été arrêté́ sur les ordres de Keita. ( C’est nous qui soulignons, Ndlr)
A.D ( source : Office of Foreign Assets Control (OFAC)