Journal Le Sphinx

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Arrêt des financements de l’USAID, sortie de la CEDEAO, départ des partenaires, augmentation des taxes…

La Transition malienne seule face à son destin

La Transition malienne traverse à l’heure actuelle une période très difficile et pas seulement du fait des contingences internationales. Au mauvais sort s’ajoutent, à n’en pas douter les incohérences, la mauvaise gestion, la corruption et à la limite, la trop grande suffisance. Et les lendemains ne s’annoncent pas certains.

Les promesses sont nombreuses : construction de centrales solaires, nucléaires, d’usines d’armements et de munitions… Les autorités de la transition ne sont décidément pas avares en promesses.

Et très récemment, à la faveur des présentations de vœux du nouvel an, le chef de l’État a annoncé  un Plan d’Actions global pour l’horizon 2025-2026, comportant plusieurs grands projets de visant, dit-il,  à stabiliser le pays et à répondre aux attentes urgentes de la population:

1. Défense et Sécurité : Assurer une protection efficace des citoyens et du territoire national face aux multiples menaces.

2. Réformes Politiques et Institutionnelles : Jeter les bases d’institutions fortes et transparentes.

3. Satisfaction des Besoins Fondamentaux : Garantir l’accès à l’eau, à l’énergie, à l’emploi et à une alimentation suffisante pour tous.

4. Amélioration de la Couverture Sanitaire : Renforcer les infrastructures et les services de santé pour un accès à des soins de qualité.

5. Rénovation du Système Éducatif : Réformer l’éducation pour préparer les générations futures aux défis de demain.

6. Apaisement du Climat Social : Renforcer la cohésion sociale en favorisant le dialogue et la concertation.

7. Renforcement de la Diplomatie : Positionner le Mali comme un acteur responsable et respecté sur la scène internationale.

8. Organisation d’Élections Transparentes et Apaisées : Garantir des scrutins inclusifs, justes et représentatifs.

Le pays a-t-il les moyens de sa politique ? Le doute est autorisé. La récente imposition de taxes en vue de renflouer les caisses de l’État (une décision très controversée) montre bien que ce sont les moyens qui manquent le plus.

Ces impositions ne sauraient, en tout état de cause, assurer le financement des « grands projets » du  fameux Plan d’Actions Global pour l’Horizon 2025-2026.

Arrêt des financements de l’USAID, départ des partenaires au développement, sortie de la CEDEAO…

Si l’arrêt des financements de l’USAID a un impact moindre sur le Mali, mais combiné au départ des partenaires au développement et à la sortie de la CEDEAO, la situation du pays devient davantage incertaine.

Juste pour donner un aperçu : le récent financement de l’USAID au Mali  est de l’ordre de 148,5 millions de dollars (environ 101 milliards de FCFA). Un montant qui s’ajoute aux 250 millions de dollars (environ 170 milliards de FCFA) déjà accordés au pays courant 2023-2024 pour les secteurs de la santé, la gouvernance, l’agriculture et l’éducation de base (source Ambassade des Etats-Unis au Mali).

L’arrêt de ces financements survient après celui d’autres donateurs (pour cause de «souveraineté» ou d’une trop grande suffisance) permettant tous à l’État, d’investir dans d’autres secteurs non moins prioritaires.

La sortie de la CEDEAO vient davantage compliquer la situation…

L’État, voire la transition malienne est désormais seule face à son destin et à des populations de plus en plus exigeantes et lasses de résilience.

Ses annonces à la limite folkloriques l’empêchent  de revoir certaines de ses prises de position pour le moins extrêmes. Qu’à cela ne tienne.

Il existerait des moyens, non de combler les abysses, mais de compenser au moins quelque peu les manques à gagner causés par une gestion très controversée et une arrogance à tout égard: la sincérité des dépenses et la transparence des affaires  publiques.

A titre illustratif : les enquêtes et déclarations sur la cession frauduleuse des bâtiments publics n’ont encore rien donné ; rien non plus au sujet du trafic d’or, des attributions douteuses des marchés publics (cas des groupes électrogènes et carburant de l’EDM S.A ; des engrais de la CMDT, etc.).

Pour faire court, il semble plus facile pour les décideurs d’imposer de nouvelles taxes que d’assainir les gestions. Il va alors s’en dire que les mêmes causes provoquant les mêmes effets, le pays risque bien de revenir au même point. Mais jusqu’à quand continuera-t-on à tourner en rond ?

Batomah Sissoko