Journal Le Sphinx

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IBK: un flambeur des deniers publics et  pantouflard indécrottable

Le « Mandé masa » qui régnait sur l’ex-Maison du Peuple comme un roitelet se faisait  allouer les fonds spéciaux par trimestre, mais aussi par an. Et même plus grave, en dépassant largement les 300 millions Fcfa annuels. Ce qui est sûr, à force de bouffer les sous de l’État comme il veut, IBK a touché pour l’exercice 1998 la bagatelle de 561 817 500 FCFA, soit un dépassement de 261 817 500 de francs.  En 1999, il toucha 600 millions alors qu’il n’avait droit qu’à 300 millions de francs CFA. Les 300 millions représentent la différence entre le montant annuel des fonds perçus par IBK et ceux à percevoir, sur la base de 25 millions par mois, selon les explications données à l’époque par le Directeur Administratif et Financier.

Une autre révélation émanant du rapport de mission portant sur vérification de gestion de la Direction administrative et financière de la Primature de 1993 au 7 septembre 2000 (lire extrait).

Janvier 2000. Par décision N° 0001/PM du 10 janvier, Ibrahim Boubacar Keïta perçoit directement la somme de 75 millions FCFA représentant le payement en avance sur trois mois des fonds spéciaux du Premier ministre. 15 Février 2000, Mandé Sidibé est nommé Premier ministre par décret N°00055 P/RM. Il prit fonction le 18 février 2000 et le remaniement de l’équipe gouvernementale intervint le 21 février. Mais le nouveau Premier ministre n’eut pas droit aux fonds spéciaux des mois de janvier, février et mars. Son prédécesseur était passé par là. (Voir document)

Simple aléa de calendrier ? Loin s’en faut ! En tout état de cause, feu Mandé Sidibé ne commença à percevoir ces fonds spéciaux qu’à partir du mois d’avril 2000. Il a fait preuve de grandeur. Les contrôleurs révèlent que par décision N° 0001/PM du 10 janvier 2000, les fonds spéciaux des mois de janvier, février et mars avaient fait l’objet d’autorisation de mandatement et la totalité du montant, soit 75 millions FCFA, a été personnellement remise à IBK. Notez bien: nous sommes en janvier 2000 et les fonds spéciaux enlevés portent sur les mois de janvier, février et mars ! Et le remaniement gouvernemental est intervenu au mois de février (le 21). En clair, par honnêteté morale et intellectuelle, IBK aurait dû reverser à son successeur, au moins le montant correspondant au mois de mars. Ceci est le moindre des querelles de leadership au sein de l’Adema Pasj au moment des faits, entre le clan Cmdt et les rénovateurs?

Et la guerre durait déjà, plusieurs mois. Les hostilités remontent en effet au premier trimestre de l’année 1999, quand le président de la République suggéra à son Premier ministre «candidat naturel» de rendre sa démission. Fort de la présidence du parti Adema, il refusa. Commença, dès lors, la guerre des clans. Et ce n’est qu’en février 2000 qu’IBK céda enfin. Souvenez-vous que son employeur avait, depuis le premier trimestre, émis le vœu de se départir de lui. IBK avait besoin d’argent. De beaucoup d’argent pour corrompre les caciques de l’Adéma afin de les opposer au président de la République, pour que ce dernier ne puisse pas le démettre. Il faillit y arriver. Un nombre important de ses aficionados vont d’ailleurs le suivre lors de la création de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM)

Ce rappel historique a, en effet, juste pour but de signaler que le président de la

République a sollicité la démission de son Premier ministre depuis le premier trimestre 1999. Et ceci sous l’insistance de la Banque mondiale et du Fonds monétaire internationale qui n’ont cessé de dénoncer le système «kleptocratique» d’Ibrahim Boubakar Kéïta. A défaut de céder, le PM en activité devrait au moins s’abstenir d’émettre une autorisation de mandatement portant sur le payement de fonds spéciaux sur trois mois. En clair, au regard de son probable, voire évident limogeage, le Premier ministre sortant devrait s’abstenir de se faire payer en avance des primes spéciales initialement destinées à son successeur. Et pourtant ! Toute chose qui fait dire aux contrôleurs que «Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta doit remettre en caisse les 25 millions Fcfa du mois de mars 2000 pour le Premier ministre Mandé Sidibé. Paix à son âme. (lire extrait).

Plus de 600 millions F CFA pour le carburant…,323 millions FCFA pour l’entretien des véhicules…

 Toujours selon le sulfureux rapport, la consommation cumulée de carburant sur trois ans (1998, 1999 et 2000) par la Primature est de l’ordre de 614.452.805 F CFA pendant que l’entretien des véhicules sur la même période a valu 323.094.519 FCFA au contribuable malien.

Le saviez-vous ?: un voyage aller-retour Bamako-Dakar- Bamako nécessitait un maximum de carburant pour un coût de 136.500 F CFA , au moment des faits. Vu sous ce prisme, l’on constate aisément que le montant cumulé de 614.452.805 F CFA correspond à la quantité de carburant pour 450 voyages aller-retour  en 3 ans, soit 150 voyages sur la même distance et par an.

Les enquêteurs ne se sont pas arrêtés là. Ils ont révélé qu’à la même période (1998, 1999, 2000), les entretiens des véhicules et achats de pièces ont porté sur un total de 323.094.519 FCFA soit une moyenne de 107 millions F CFA par an.

Récapitulons: 614.452.805 F CFA correspond au carburant pour 450 voyages aller-retour Bamako-Dakar en 3 ans ou 150 voyages sur la même distance et par an; 323.094.519 FCFA soit une moyenne de 107 millions F CFA par an pour l’entretien des véhicules (lire extrait du rapport)… C’est tout simplement aberrant !

En admettant, par extraordinaire, que c’eut été possible (que la Primature ait  englouti ce montant faramineux rien qu’en carburant dans les déplacements), se posent d’autres équations. «150 voyages aller-retour par an sur une distance précise de 1.357 kilomètres», incite en effet à se poser des questions: le boss et les membres de son cabinet n’avaient-il donc rien d’autre à faire que voyager ou se promener à Bamako ? Cette Primature était-elle une agence de voyage ou touristique ?

La vérité est toute autre : le grand patron possédait, à lui, un parc automobile de plus de 30 véhicules de luxe. Ce sont ces véhicules qui serviront justement à créer une société de location d’automobiles pour le chérubin, M. Karim Keïta. Nous n’en dirons pas plus ! Du moins, pour l’instant.

Et pour les besoins de la cause, il avait fait installer des cuves reliées à des pompes destinées à leur ravitaillement en carburant. Selon le sulfureux rapport, la Primature devenue le Palais du Mandé masa utilisait la bagatelle de 1 482 litres par jour. Avec une telle consommation par jour, est-ce qu’on travaille dans un pareil service ? S’il est vrai qu’IBK ne dormait pas avant 2 heures du matin, après avoir fait le tour de Bamako, il n’en demeure pas vrai qu’il y avait une forte odeur de détournement de deniers publics. 1 482 litres par jour, mon Dieu !

Il faut rappeler que l’homme ne se réveillait pas avant 10 heures (il avait l’habitude de laisser partir un cortège vide à la Primature pour donner le change) , jusqu’à ce que le président de la République, Alpha Oumar Konaré, a été obligé de retarder de 2 heures le début du Conseil des ministres, en le ramenant de 9 à 11 heures du matin.

Non seulement celui qui se prend déjà pour le président de la République depuis sa connivence avec la junte (nous y reviendrons) est un flambeur de deniers publics, mais aussi un sacré pantouflard !

Que Dieu sauve le Mali

La suite dans nos prochaines éditions.

Adama Dramé

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