Journal Le Sphinx

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Le Procureur et le Juge d’instruction sur la sellette

Ce sont des confrères de BANIKO (la région de Dioïla) qui ont levé le lièvre sous le titre évocateur de «l’argent volé a disparu entre les mains du juge et du Procureur»… L’élément a fait le tour des réseaux sociaux. Voici les faits relatés par la victime elle-même.

Il s’appelle Fousseyni Dembélé et était en route sur son Sikasso natal. Il  a transité à Dioïla en vue d’emprunter un autre véhicule. Mais la nuit à la gare routière, alors qu’il dormait, il s’est fait voler son sac contenant ses biens personnels et une importante somme d’argent. Le principal suspect n’était autre que le gardien des lieux. Tous les faisceaux d’indices convergeaient en effet vers lui.

Le suspect alla jusqu’à lui conseiller d’abandonner les recherches et de se résigner. Fousseyni lui indiqua alors qu’il avait besoin surtout de ses pièces se trouvant dans le sac en question. Alors le gardien lui suggéra de se rendre dans un endroit où, dit-il, les voleurs ont habitude d’abandonner les pièces et autres objets dont ils n’ont nullement besoin près leur forfait.

Ensemble, ils se rendirent sur le lieu indiqué et la victime reconnu une de ses chemises abandonnée-là ! La victime décida alors  de se rendre chez le chef traditionnel de la contrée lequel le conseilla de se rendre à la police. Ici, après les avoir confrontés, les policiers demandèrent à ce qu’ils se retirent un instant.

Pendant cette retraite, le suspect indiqua clairement à la victime qu’il était disposé à rembourser la somme 380.000 F CFA qui se trouvait dans son sac. Et lui proposa de rembourser 350.000 FCFA et d’établir une reconnaissance de dette pour les 30.000 restants, payables dans l’intervalle d’une semaine. Il s’engagea à la police et devant témoins à procéder ainsi.  

Il fit ainsi appel à un nommé Modibo-Ba, le frère du Maire de Dioïla lequel était censé apporter l’argent. Et Mais au moment de payer, il argua que c’est au Tribunal qu’il préfère payer.

Après les trois jours de garde-à-vue, les policiers remirent l’affaire à la justice avec, bien entendu, un PV circonstancié.

Au niveau du Tribunal et à l’absence du Procureur en déplacement à Bamako, se trouvait un jeune stagiaire du nom de Baba Koné.

Devant plusieurs témoins, le nommé Modibo-Ba se rebiffa et incita le suspect à ne pas payer au motif qu’il n’avait à faire qu’à étranger de passage.

A l’absence du procureur, les marges de manœuvres du stagiaire étant très limitées, ce dernier renvoya les deux protagonistes et donna rendez-vous pour un autre jour, le temps que le procureur revienne.

Celui-ci arriva et les convoqua tous. Mais sur place, le suspect nia les faits. Le procureur confia alors l’affaire au juge d’instruction du nom de Dembélé. Après une longue séance d’écoute, Dembélé envoya directement le suspect en prison.

Le Lendemain, les parents du suspect allèrent à la rencontre de la victime Fousseyni Dembélé munis de la somme de 350.000 F CFA en guise d’acompte, le reliquat devant être payé dans deux semaines.  Ils supplièrent d’accepter cette offre. Mais puisque l’affaire est désormais pendante devant la justice, la victime leur proposa de se rendre au tribunal, devant le même juge d’Instruction (Dembélé).

Une fois les faits exposés au magistrat instructeur, ce dernier leur suggéra à tous d’aller se mettre d’accord et de lui apporter un document signé de toutes les parties attestant de l’accord intervenu entre elles.

Mais cet accord serait-il suffisant pour obtenir la libération de leur parent ? Non, indiqua le juge d’Instruction. Cela permettra juste de calmer le jeu.

Cette réponse brisa quelque peu l’élan des parents lesquels ne cherchaient que la libération. Ceux-ci se mirent donc à tourner entre le procureur et le juge d’instruction et une dizaine de jours plus tard, le suspect fut libéré à la grande surprise de la victime.

Interrogé, le juge d’instruction lui répondit qu’il a tout simplement décidé de libérer suspect par manque de preuve.

Le procureur a tenu le même discours et a même argué que c’est le vent qui a amené la chemise de la victime à l’endroit indiqué par le suspect. En clair, le procureur s’érigea en véritable avocat de l’accusé. Il alla jusqu’à suggérer à la victime de se résigner.

Cette dernière décida de se rendre au Gouvernorat où il fut accueilli par le chef de Cabinet. Mais là aussi, rien n’y fit. On le fit tourner en bourrique.

Le malheureux fut ainsi balloté entre le Tribunal et le Gouvernorat, personne ne voulant écouter son histoire et lui rendre justice… Et pis, le procureur décida de l’enfermer. Vous avez bien lu : il décida d’envoyer le plaignant en prison pendant que l’accusé était libre de tous ses mouvements. C’est la Gendarmerie qui fut chargée de la mission. Pas la police laquelle avait établi le premier PV en bonne et due forme. Pas question de se rebiffer.

Le commandant de la Brigade de Gendarmerie dut admettre qu’il n’avait absolument rien contre la victime. Et que c’est le procureur qui décide. 

L’affaire remonte au 1er mai. Et à présent, le plaignant est bloqué à Dioïla. Fort heureusement ! Il bénéficie sur place du soutien et de l’assistance des populations éprises de justice. Des justes, il en existe partout.

Aux dernières nouvelles, le ministre de la Justice, Mamoudou Kassougué  himself aurait été informé.

A suivre  

Propos traduits et transcrits par Batomah Sissoko

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