L’Afrique a atteint en 2022 plus d’un milliard d’habitants, quand le continent demeure encore de ce jour celui dont le PIB est le plus faible au monde. Très mal arrimée aux échanges internationaux, l’Afrique ne reste pas pour autant en marge de la mondialisation. Elle s’y intègre de manière contrastée mutatis mutandi.
Les défis à relever restent nombreux pour que l’Afrique sorte du sous-développement et s’insère honorablement dans la mondialisation : maitriser la croissance démographique et la croissance urbaine, subvenir aux besoins alimentaires et sanitaires des populations, surmonter l’instabilité́ politique et progresser dans la voie de l’intégration régionale, etc. Le développement durable, qui n’est pour l’instant pas une priorité́ pour les dirigeants africains, gagnerait à être mieux pris en considération tout particulièrement pour les pays côtiers qui doivent impérativement intégrer la fonte des glaciers de l’antarctique afin d’anticiper la hausse du niveau de la mer de deux mètres qui surviendra assurément à brève échéance ! Tous les gouvernants devraient veiller à assurer aux populations africaines une répartition plus équitable des revenus générés par les richesses et les potentialités du continent, non par générosité mais aux fins du dynamisme économique. Les finances internationales se caractérisent aujourd’hui par une épargne surabondante dans les pays industrialisés et un manque d’opportunités d’investissement aux taux souhaités, quand sur le continent africain c’est la faiblesse du taux de bancarisation avec une surliquidité qui est la caractéristique majeure. Cependant, les perspectives d’amélioration des standards de vie en Asie poussent les coûts de production à la hausse sur ce continent, ouvrant la voie à une très prochaine délocalisation vers l’Afrique. Les crises financières successives (la bulle internet, Lehman Brothers) ont ébranlé la croyance toute libérale en l’efficience du marché la fameuse « main invisible » qui le régulerait spontanément ! C’est dans ce contexte qu’on procède actuellement au remaniement des indicateurs macro-prudentiels du système financier aux fins d’une meilleure articulation avec les règles micro-prudentielles pour correspondre aux besoins locaux. L’évolution majeure du mode de financement à long terme, participe du constat d’essoufflement des finances publiques des pays développés en même temps que la faible capacité financière des Etats dans les pays sous-développés. Les investissements dans les infrastructures intègrent par conséquent davantage le secteur privé dans le cadre de partenariat publics privés (PPP). La guerre en Ukraine, et l’arrivée d’une administration inédite à la « maison blanche » vont certainement changer la donne, mais pas le paradigme.
Que recherche un investisseur en 2025 ? Sans le moindre doute, un retour sur investissement sûr et dans le meilleur délai, ce qui requiert trois éléments imbriqués et indissociables:
- Climat des affaires favorable à la croissance économique, soit l’élaboration d’infrastructures entrepreneuriales et financières habilitées à capter les opportunités d’investissement, une maîtrise de la croissance démographique urbaine et rurale dans l’intelligence d’une répartition équitable de la productivité et des revenus générés à partir des richesses manufacturières et les autres potentialités du pays et enfin l’évolution vers l’industrialisation.
- Du fait de la stabilité politique et de l’existence des infrastructures ci-dessus citées, les pays développés attirent les bons investissements mais il y a beaucoup de prétendants (ce qui génère de la concurrence). Lorsque tous investissent sur le même produit, le prix de l’actif montera tandis que la rentabilité de l’investissement baissera automatiquement. C’est ainsi que l’économie spéculative n’a de cesse d’entraîner l’économie réelle dans les turpitudes de la « main invisible ». En général, les taux de retour sur investissement pour les infrastructures sont très attractifs même en Afrique, ce sont les délais qui paraissent très longs.
- L’Afrique est à ce jour très faiblement arrimée au reste de l’économie mondiale (1%). Cet isolement met le continent à l’abri de la volatilité des retours sur investissements dans les crises récurrentes de l’économie spéculative, offrant aux investisseurs Etrangers des opportunités de diversification en redirigeant leurs placements dans l’économie réelle. (ex : La Chine se positionne très fortement dans ce secteur, notamment dans l’industrialisation au Maroc)
Quatre écueils nuisent au climat des affaires dans bon nombres de pays africains :
- L’instabilité politique avec son corollaire de l’extrême faiblesse du cadre juridique ne garantissent pas une bonne organisation cadastrale. Or il est nécessaire de mettre à l’abri les investisseurs Étrangers des expropriations abusives ou des pressions fiscales à l’emporte pièce. Nb : notion d’empreinte dématérialisée inviolable + gestion administrative informatique. Rappel : « La vocation de l’État est d’accompagner le développement par la mise à disposition des infrastructures physiques (énergie, routes, ponts, chemin de fer, barrages, lycée agricole, lycée technique, écoles de sages-femmes etc.), par la mise à disposition des infrastructures juridiques (code des investissements, mesures fiscales incitatives) ainsi que les instruments financiers ( Banque d’investissements et assurances…). Il lui appartient d’opérer les choix politiques propitiatoires aux investissements publics et privés. Le droit devrait pouvoir encadrer l’Etat en le maintenant dans les limites de ses prérogatives, il doit protéger le citoyen ainsi que l’entreprise privée de l’arbitraire étatique et enfin il doit empêcher quiconque de brider la productivité. Le Ministère public (le Parquet) devrait pouvoir traduire tout contrevenant devant la Haute Cours de Justice » Dr S.KAMARA Au registre des solutions, l’Etat devrait pourvoir à la constitution de partenaires locaux forts à l’organisation de collectivités locales ainsi qu’à leur appui dans la maîtrise des instruments financiers et œuvrer pour qu’elles acquièrent une véritable culture entrepreneuriale.
- La récente chute du prix du pétrole à mis en difficulté les pays comme le Nigéria, l’Angola, la Guinée Equatoriale, pour indiquer que les investissements doivent obéir à une cohérence dans la synergie des complémentarités, car la réduction du trafic, induit conjointement l’amenuisement des recettes et la contraction du rendement de l’investissement. C’est la raison pour laquelle, la même concaténation doit régir l’aménagement du territoire (installations portuaires, grands axes routiers, aéroportuaires, ponts, installations agricoles, manufactures, usines, etc.) et l’organisation du tissu économique permettant la proactivité de l’État qui fait en sorte que les régions se rejoignent et les ressources pleiges les unes des autres se valorisent mutuellement.
- La difficulté à trouver localement les ressources humaines qualifiées, incite les entreprises chinoises par exemple à importer de la main d’œuvre, obérant ainsi le transfert de compétence aux nationaux. Cela met l’accent sur l’impérieuse nécessité des efforts à fournir pour l’enseignement professionnel et technique, de même que pour la formation de personnels de soins primaires.
- Lorsqu’on achète des actions dans un projet en Afrique, on peut difficilement les revendre. Ainsi très peu d’acteurs sont orientés vers le continent (malgré une surabondance de l’épargne) : les risques de dévaluation, d’instabilités politiques, d’hérésies militaires ou irrédentistes, enfin les risques d’endémies manu-portées en rapport avec la surpopulation et les difficultés d’accès à l’eau potable, aux installations sanitaires et aux soins, sont si importants et les rendements trop éloignés dans le temps que les projets restent dans les tiroirs. La corruption des dirigeants vient de surcroît anéantir tous les espoirs ! Un remède efficace pourrait enfin venir à bout de la corruption : l’empreinte dématérialisée inviolable + la gestion administrative informatique.
Traiter ces 4 écueils, par la mise en place d’un cadre juridique incitatif pour les investisseurs institutionnels, par la sécurisation des investissements, par instauration d’un État strictement borné dans ses attributions régaliennes, par la définition d’une politique agricole, manufacturière et industrielle en cohérence avec les ressources énergétiques, par l’éducation des populations et par l’appropriation d’une géopolitique pertinente, traiter ces écueils est le préalable indispensable nous semble-t-il à tout essor économique. Le rôle des infrastructures solides est capital dans la croissance économique, le retour sur investissement y est assuré à terme (Il en a été ainsi de tous les gros investissements américains : plan MARSHALL, investissements au Japon à Hongkong et en Corée !)
Les acteurs d’un projet d’infrastructures et son financement (on entend par infrastructures, ce qui rend les services essentiels à la collectivité)
Les besoins en Afrique d’infrastructures touchent :
- Les transports : réseau routier, transports en commun, autoroutes, réseaux ferroviaires, ports et aéroports
- Les «utilities» : production, transport et distribution de gaz, eau, électricité
- Les infrastructures sociales : écoles, hôpitaux, équipements culturels et sportifs, bâtiments publics.
- Les réseaux de télécommunication
- L’environnement : traitement de l’eau et des déchets (par l’éducation et la coercition), efficacité énergétique avec une préférence aux énergies renouvelables bas coût.
Les ambitions de développement ne peuvent avoir d’aboutissement qu’en s’appuyant sur l’idonéité des infrastructures nécessaires, elles mêmes agrées par le Gouvernement (Maître d’ouvrage) et les Partenariats Publics Privés (PPP = Maître d’œuvre) en lien avec les Fonds d’investissements. En résumé l’ordre des priorités pourrait se décliner ainsi : Communications, axes principaux + ponts et routes secondaires. Enseignement technique et professionnel, plus spécialement lié aux soins de santé primaires aux activités agricoles et maraîchères, à la pêche ainsi qu’à l’artisanat. Gestion de l’eau, adduction et recueil des eaux usées, installations sanitaires et l’entretien. Installations sportives, d’expression corporelle et leur animation. Maison de la culture et du numérique (communication, partenariat, jumelage…) Pallier à la surpopulation de la capitale, par la projection de la « nouvelle ville » La lutte contre la corruption pourrait profiter de l’encadrement des transactions administratives par la numérisation en procédant à la dématérialisation des supports grâce à la technologie de l’empreinte unique et inviolable de type blockchain.
DRr Souleymane Kamara
Cabinet Passy
XVIème Arrondissement Paris