Après la sensibilisation, c’est la répression
L’Office Central des Stupéfiants a commencé cette semaine à faire respecter l’interdiction de la chicha en procédant à des dizaines d’interpellations dans des clubs de la capitale et à la saisie d’un important lot de matériels.
Le 15 août 2022, les autorités maliennes ont annoncé dans un communiquél’interdiction de l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la Chicha (Narguilé) ou tout autre appareil similaire sur toute l’étendue du territoire national à partir de cette date.
Six mois après le communiqué, les autorités maliennes à travers l’Office Central des Stupéfiants (OCS) a entamé une lutte farouche contre ce produit et ses dérivés. A cet effet, la nuit du mardi 15 aout dernier, l’OCS a effectué une descente vigoureusesur les chicha-clubs de Bamako. Au dire du directeur général de l’OCS, le Lieutenant-colonel Seydou Sangaré, l’objet de cette mission est de patrouiller à travers toute la ville pour voir s’ils ont respecté les six mois de sensibilisation. »Fini donc le délai de grâce donné par les autorités aux importateurs, aux distributeurs, aux vendeurs et aux consommateurs de chicha au Mali« , dit le directeur.
Grâce à des agents motivés, cette mission a porté fruit. En effet, une cinquantaine d’individus ont été interpelés et un important lot de matériels saisis.
Les bars où de jeunes hommes, en majorité, se délassaient en tirant sur la pipe à eau ont fleuri ces dernières années à Bamako, capitale relativement préservée de la violence multiforme et de la propagation jihadiste qui affligent le Mali depuis plus de dix ans.
Les autorités avaient donné six mois aux bars pour fermer. L’interdiction entrait véritablement en vigueur ce mercredi.
Un décret signé par six ministères prévenait que les consommateurs encouraient de un à dix jours de prison et une amende de 300 à 10.000 francs.Cette mesure a divisé les Maliens entre défenseurs de la santé publique et amateurs de distraction.
Le Mali est un pays dans son immense majorité musulman et les interprétations de l’islam ne sont généralement pas favorables à la chicha ou à la cigarette.
Mais c’est aussi un pays laïc qui tolère l’alcool par exemple, même si la consommation en est limitée à certains lieux publics et que la majorité des restaurants n’en servent pas.
Un groupe de travail de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mettait en garde en 2017 contre la dangerosité du narguilé, d’une à dix fois plus nocif que la cigarette et qui ne fait pas l’objet des mêmes campagnes de sensibilisation que le tabac.
A.M.NIANG