Paul-Henri Sandaogo Damiba capitule après un dernier baroud d’honneur
Après avoir essayé de résister après le coup de force du capitaine Ibrahim Traoré, en se retirant à la base aérienne de Ouagadougou avec quelques compagnons , le colonel Paul -Henri Sandaogo Damiba a fini par jeter l’éponge face à la détermination de la quasi-totalité de l’armée, la gendarmerie et la police qui a rallié le jeune capitaine Traoré, mais surtout au vaillant peuple burkinabé qui s’est levé comme un seul homme pour manifester son soutien à la nouvelle équipe. La nuit du samedi 1er octobre au dimanche 02 octobre a été sans nul doute la nuit la plus longue dans l’histoire récente du Pays des hommes intègres. Partout à travers le pays, de Ouaga à Bobo en passant par Ouahigouya, les Burkinabé sont sortis massivement pour s’opposer à toute tentative de contre-coup d’État de la part de Damiba et ses hommes qu’ils pensaient être soutenus par les militaires français, lesquels n’auraient pas finalement intervenu que pour repousser la foule qui croyait que Damiba s’était réfugié dans leur camp sis à Kanboinsin proche de la base aérienne.
Voyant le rapport de force complètement en faveur du capitaine Traoré et ses hommes et sans doute conseillé par ses soutiens de l’évidence de cette situation Sandaogo Damiba a fini par démissionner très tôt ce dimanche matin, épargnant ainsi à son pays un bain de sang dont il ne sortirait, sans nul doute, vivant.
Arrivé au pouvoir il y a tout juste 8 mois, par les armes après avoir renversé le président démocratiquement réélu Roch Marc Christian Kaboré, Dandaogo Damiba sort ainsi par la petite porte de l’histoire de son pays. Venu au pouvoir pour soi-disant reconquérir les zones occupées par les djihadistes, le colonel Damiba s’est subitement embourgeoisé en laissant une partie importante de ses frères d’armes sans ressources, sans matériels de combat adéquat mais surtout en créant une classe de galonnés riches, roulant dans de rutilants 4×4 climatisés, tandis que les Burkinabé civils et militaires tombaient comme des mouches. Sa chute a débuté ce fameux samedi par une mutinerie de jeunes soldats qui s’étaient soulevé pour réclamer leurs primes impayées depuis des mois, qui s’est transformée en un soulèvement par les troupes qui ne demandaient ni plus ni moins que le départ du colonel Damiba du palais de Kossyam, la résidence officielle du président du Burkina Faso.
Le jeune capitaine Ibrahim Traoré, il a 34 ans, chef du 10ème Régiment de commandement d’appui et de soutien (10ème RCAS) basé à Kaya, est aujourd’hui l’homme fort du Burkina Faso. Aimé au sein de l’armée, le capitaine Traoré s’est dit pas du tout intéressé par le pouvoir, il a promis de regagner bientôt le front.
Dans son communiqué N° 09 signé par le capitaine Ibrahim Traoré, lu à la télévision nationale, « Le Mouvement patriote pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a remercié la population pour son soutien patriotique et son engagement à faire confiance à la lutte. » Dans le même communiqué ils disent que « la situation est sous contrôle, que les choses sont en train de rentrer progressivement dans l’ordre. Ils invitent la population à vaquer librement à ses occupations et à se départir de tout acte de violence et de banditisme qui pourrait entacher les efforts entrepris depuis le 30 septembre 2022, notamment ce qui peut être perpétré contre l’ambassade de la France ou la base militaire française sise à Kamoisyn. Aussi en attendant que la lumière soit faite sur le dossier du lieutenant-colonel Zoungarana Emmanuel, ils appellent les vaillants citoyens au calme et à la retenue »
Adama Dramé