Journal Le Sphinx

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AFFAIRE BIRAMA TOURÉ

Le comportement alambiqué des autorités de la Transition : pendant qu’elles demandent l’extradition de Karim Keïta, elles protègent les complices de ce dernier ! 

Depuis plusieurs mois, « Le Sphinx » s’est gardé de donner des informations sur l’évolution de l’affaire Birama Touré pour qu’on ne l’accuse de vouloir influencer quoi que ce soit. Il a fallu l’arrestation arbitraire et dilatoire  de l’inspecteur Papa Mambi Kéïta pour qu’il sorte de sa réserve. Après une vingtaine de jours de prison, L’Épervier du Mandé a été libéré puis mis sous contrôle judiciaire ; contrôle judiciaire  qui vient d’être levé définitivement, il y a quelques jours. Cependant nous n’avons pas compris l’attitude du nouveau juge d’instruction, Mohamed Saîdou Séne, qui a mis en prison celui à qui on a montré le puits dans lequel on aurait jeté le corps de Birama Touré (l’inspecteur Papa Mambi Kéîta, ndlr) et pas celui qui a montré ledit puits à ce dernier (Daouda N’Daou, ndlr), malgré une confrontation entre les deux hommes au cours de laquelle ce dernier a laissé entrevoir qu’il mentait manifestement. 

Plus grave, jusqu’au moment où nous mettons sous presse, aucun transport sur le lieu n’a été organisé  pour savoir si le corps de Birama Touré se trouve oui ou non dans le puits désigné par Daouda N’Daou qui n’est autre que l’ami intime du colonel Cheick Oumar N ‘Diaye.

Dans tous les pays du monde, quand quelqu’un disparaît, la première des choses à faire,  est de le retrouver mort ou vif. C’est la moindre des choses. Dans un pays normal, disons-nous.

La demande de mise à disposition du colonel N’Diaye, Abacha et autres bloquée

Bien au contraire, il semble que les autorités de la Transition font tout , comme sous IBK, pour que le corps de notre collègue et confrère Birama Touré ne soit jamais retrouvé. Tout est fait dans cette affaire pour que la lumière ne jaillisse jamais. Comme sous IBK, on continue à entretenir le flou et la confusion afin de brouiller les pistes. Rappelez-vous, un avocat de triste réputation avait dit qu’on ne pouvait pas parler d’assassinat car aucun corps n’avait été encore retrouvé !

C’est ce qui explique le refus des autorités judiciaires d’entendre les témoins cruciaux de cette affaire qu’étaient Birama Fall et Makan Koné qui, lui, a vu le corps de Birama Touré, en présence d’Ibrahim Famagan Coulibaly sous un hagard de la S.E. Si ce dernier est décédé avant le témoignage de l’homme dans les bras de qui Birama Touré a rendu son dernier souffle dans la cellule N° 4 des sinistres geôles de la S.E,  la justice malienne a eu plus de 4 ans pour auditionner Birama Fall et  plus de 5 longs mois après ce témoignage important pour entendre Makan Koné. Elle ne l’a fait pas jusqu’au décès de chacun de nos deux confrères. Pourquoi ? 

La Transition avait suscité un espoir auprès des parents, collègues et certains confrères de Birama Touré avec l’arrestation du général Moussa Diawara, le Directeur général de la Sécurité d’État, au moment des faits.  Ce dernier croupit en prison (au camp I de la gendarmerie nationale, ndlr)  depuis maintenant plus d’un an. Mais après cette arrestation, l’affaire est retombée comme un soufflé ; jusqu’à l’interpellation de l’Épervier du Mandé qui était, comme « Le Sphinx » l’a dit dès le départ : une tempête dans un verre d’eau.

Cependant, il serait injuste de rejeter toutes ces entraves sur le juge d’instruction Maïga ou le procureur Idrissa Touré du Tribunal de grande instance de la Commune  IV qui ont abattu un énorme boulot dans l’affaire, ou même sur le juge d’instruction, Mohamed Saïdou Séne,  qui a finalement hérité du dossier. 

Comme « Le Sphinx » l’a écrit dans son édition N° 864 (13/05/22), le procureur Idrissa Touré a  envoyé au ministre de la justice et des droits de l’Homme,  Mamoudou Kassogué, une demande de mise à disposition afin d’écouter le même colonel N’Diaye, non pas à titre de témoin cette fois-ci,  mais de présumé coupable. Cette demande de mise à disposition a été bloquée au niveau du ministère de la justice. Sollicité par « Le Sphinx », le ministre de la justice Kassogué n’a pas voulu ni confirmer ni  infirmer ledit blocage. Le procureur Idrissa Touré avait compris la manœuvre de son prédécesseur, le procureur  Dramane Diarra,  qui a écouté le colonel Cheick Oumar N’Diaye à titre de simple témoin. La sordide entourloupe  judiciaire consistait, en fait,  de sauver le soldat Karim Kéïta, le colonel N’Diaye étant le lien avec ce dernier et la disparition de Birama Touré. 

Selon le témoin dans les bras de qui Birama Touré est décédé, le corps de ce dernier a été transporté dans la Toyota double cabine blanche que Karim Kéîta a offerte au colonel N’Diaye.

On se pose la question de savoir pourquoi le nouveau juge Séne n’a pas formulé encore une autre demande de mise à disposition du  colonel Cheick Oumar N’Diaye mais aussi du colonel Ousmane Camara dit Houmani, l’adjoint de ce dernier au moment des faits (c’est dans son bureau que Birama Touré a été écouté, pour la première fois, en présence du colonel Cheick Oumar N’Diaye, ndlr), de Boubacar Koné dit Abacha, Drissa Samaké dit Dri le Tueur et de Lassine Fatakara Coulibaly, les tortionnaires attitrés de la S.E sous le général Moussa Diawara. Ces derniers avaient été mutés respectivement aux entrepôts maliens d’Abidjan, Lomé et Dakar après la mort de notre confrère.?
Selon nos radars, les autorités judiciaires seraient bloquées par certains dirigeants de la Transition tapis dans l’ombre qui sont en train de tout faire pour que le colonel Cheick Oumar N’Diaye et les autres présumés complices de Karim Kéïta ne soient jamais écoutés. C’est tout le paradoxe qui se trouve dans cette affaire Birama Touré. Pendant que le gouvernement malien demande l’extradition de certains anciens dignitaires maliens qui ont trouvé refuge à Abidjan dont Karim Kéïta, ce même gouvernement fait tout pour que les complices de ce dernier ne soient pas entendus.

Karim Kéïta, rappelons-le, malgré les milliards qu’il a volés, ne fait pas l’objet d’un mandat d’arrêt pour un quelconque  détournement de biens publics mais bel et bien pour enlèvement, séquestration,  torture et assassinat de notre collègue et confrère Birama Touré. Donc, c’est bel et bien une affaire criminelle et pas du tout une affaire politique comme certains veulent le faire croire.

Des colonels tapis dans l’ombre bloquent le dossier

C’est un secret de Polichinelle, toutes les personnes douées d’une quelconque intelligence savent que le premier coup d’État perpétré le 18 août 2020 a été fait contre le M5 RFP, ce mouvement populaire à l’origine de la révolte contre le régime criminel et kleptocratique qui régnait sur le Mali depuis 7 ans. En arrêtant Ibrahim Boubacar Kéïta et ses ministres, les colonels avaient pour soucis d’assurer les arrières des dirigeants de l’époque et leur éviter les foudres du peuple malien qui s’était levé comme un seul homme pour demander la démission du régime ploutocratique du Mandé Massa de triste mémoire.  Tous ces officiers seraient redevables à Karim Kéïta qui serait, selon les mauvaises langues, intervenu personnellement afin qu’ils aient leurs galons de colonels. Ceci expliquerait la complicité dont il a bénéficié de la part de certains d’entre eux pour sortir du pays et regagner Abidjan, la capitale ivoirienne avec la fortune que l’on sait.
On avait pensé qu’après ce que le Président français Emmanuel Macron appelle : « Le 2ème coup d’État » que les choses allaient changé, mais hélas. L’Affaire Birama Touré qui a été bloquée durant 4 ans sous le magistère d’IBK, le père de Karim Keïta, continue de l’être grâce à la complicité de certains hiérarques de l’actuelle équipe dirigeante. 

Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, qui avait promis une réelle refondation lors de sa prestation de serment le 7 juin 2021 est vivement interpellé ! Il a intérêt à suivre l’exemple de son homologue guinéen, le colonel Mamady  Doumbouya,  qui est en train de mettre fin à l’impunité dans son pays. Et c’est aussi contre cette même impunité que le peuple malien  s’est insurgé. Qu’il sache que les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets.

Adama Dramé