L’Arme du crime a été fatale aux 49 soldats ivoiriens
La publication du contrat signé entre la Côte d’Ivoire et la société privée Sahel Avion Service (SAS) par l’activiste ivoirien Chris Yapi a été fatale pour les 49 bidasses ivoiriens détenus depuis plus d’un mois à Bamako . Ils viennent d’être inculpés par le procureur de la République du Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.
C’est le même Chris Yapi qui a rendu publique la conversation téléphonique entre Alassane Dramane Ouattara et l’ancien Premier ministre malien, Boubou Cissé, il y a quelque mois . Dans ladite conversation on peut entendre le Président ivoirien traiter les dirigeants actuels du Mali de véritables idiots, de naïfs et d’ignorants.
Flash-back sur le contrat malodorant
Le sulfureux contrat fait de manière irréfragable des militaires ivoiriens aujourd’hui en détention, de véritables mercenaires comme l’ont dit sans ambages les autorités maliennes.
D’ailleurs le procureur de République du Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée vient de procéder à leur inculpation pour des faits de crimes, d’association de malfaiteurs, d’attentat et complot contre le gouvernement, d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État.
Daté du 04 juillet 2019 et intitulé « Contrat de prestation de service de sécurité entre les Éléments nationaux de Sécurité du contingent de Côte d’Ivoire de la Minusma et Sahel Aviation Service Rue 25 Porte 352 à Badalabougou-Est Bko-Mali », ledit contrat rédigé en Anglais porte la signature du général de division Lassana Doumbia, chef d’État-major de l’Armée ivoirienne, agissant au nom du Gouvernement de Côte d’Ivoire et de Stefan Koehler, détenteur du passeport N° CFGPHCH 41, agissant au nom de Sahel Avion Service et… des Forces armées allemandes.
L’objectif est clair : « Les 25 soldats ivoiriens sont chargés d’assurer la sécurité et la protection, l’auto-protection générale du contingent ivoirien et allemand de la Minusma, mais aussi de SAS et si nécessaire à la défense, en étroite coordination avec d’autres forces du camp de SAS intégrées dans le périmètre général de SAS situé à l’aéroport international Modibo Kéïta-Sénou où ils seront installés. Les activités de ces éléments seront régis par des clauses. »
Un État dans un État
Comme un véritable État dans un État, les soldats ivoiriens ont leurs propres exigences sécuritaires avec leurs propres règles de fonctionnement à eux. Ils ont mis en place une véritable administration militaire parallèle sur le territoire malien.
Pour assurer la sécurité armée et la protection de l’enceinte de SAS, des exigences sécuritaires sont imposées aux soldats ivoiriens sur le sol malien. « Un effectif de 25 soldats qui doit opérer de jour comme de nuit en stationnaires et mobiles. Lesdits soldats doivent être équidés de :
- Pistolets pour les officiers et les officiers supérieurs,
- Fusils d’assauts AK47 pour les sous-officiers et les soldats,
- 2 mitraillettes PKP calibre 6,62x 54 mm (alternativement DschK 12,7 x108 mm,
- 2 pistolets de signalisation,
- 2 NVG d’infanterie,
- Casques et gilets pare-balles, uniforme militaire de camouflage pour chaque soldat
Pour opérer conformément au plan de sécurité qui fait partie du présent contrat et qui contient les détails exacts de la mise en place de la sécurité, une formation d’introduction sera donnée à l’arrivée.
Une unité mobile sera mobilisée uniquement la nuit et le véhicule sera fourni par SAS. La supervision des gardes armés en service pendant la rotation est assurée par un sous-officier de grade minimum adjudant, en tant que chef d’équipe, un commandant général de grade minimum lieutenant est nécessaire pour la coordination avec SAS et les autres forces, la langue anglaise est obligatoire pour le commandant et souhaitée pour les chefs d’équipe . » Comme on peut le constater, bien qu’étant au Mali où la langue officielle est le Français, on impose l’Anglais aux soldats ivoiriens. Le but est clair, c’est d’être compris le moins possible par les Maliens.
« Le centre d’opération tactique est équipé de caméras de surveillance électronique avec une capacité de vision nocturne et doit être occupé 24h/24 et 7 jours/7 par le chef d’équipe. Le chef d’équipe doit s’assurer que les soldats en poste respectent l’horaire établi entre les parties et tel que stipulé à l’annexe 1 du présent contrat. »
Ils avaient donc un poste de contrôle sur tout l’aéroport et des caméras de surveillance et avaient la capacité de savoir qui sort et qui entre au Mali. Par conséquent, tous les mouvements de nos autorités à l’aéroport Modibo Keïta étaient connus par les éléments qui travaillent au poste de contrôle. C’est un véritable service d’espionnage et de renseignement étranger qui était implanté au sein de notre propre aéroport en quelque sorte.
« En cas d’urgence, une réaction rapide de soutien sera donnée à l’élément de force sur le lieu de service en considérant le temps raisonnable pour alerter er préparer les groupes pour leurs réponses armées en tenant compte de l’heure des événements rapides, de l’emplacement et de la menace et d’autres facteurs qui peuvent affecter l’efficacité du service de sécurité et qui sont indépendants de la volonté du contractant » Comme on le voit c’est une force commando qui protégeait SAS
« Les éléments peuvent être assistés par la police et la gendarmerie nationales, les pompiers de l’aéroport, le service de secours médical pour faire face à des événements impliquant tout type d’urgence représentant un risque pour la sécurité des biens personnels et matériels du contractant . Les événements postérieurs à cette intervention affectant les intérêts de l’entreprise ne relèvent pas de la responsabilité du contractant
Pour chaque événement qui se produit le contractuel préparera un rapport sur les faits au plus 48h après que le fait se soit produit.»
La question qu’on est en droit de se poser est de savoir à qui ledit rapport doit être fait ?
« SAS produira un véhicule protégé qui sera remis aux éléments des forces à leur arrivée au Mali. » Voilà les obligations des forces ivoiriennes déployées à l’aéroport Modibo Keïta
Les obligations de SAS
« La société contractante s’engage à fournir le positionnement et le depositionnement avec une rotation tous les 3 mois, l’hébergement, les installations de divertissement, 3 repas par jour pour les 30 ( ?) militaires déployés en permanence y compris 05 militaires administratifs »
Une rotation chaque trimestre correspond à 4 rotations/an ce qui fait au moins 12 rotations de juillet 2019 à juillet 2022. Contrairement à ce qu’à ce qu’a soutenu le Président ivoirien qui parle plutôt de 8 rotations en tout et pour tout. Les hommes qui sont venus dans le cadre de ces rotations sont-ils tous retournés en Côte d’Ivoire ? Quid des armes dont ils étaient dotés ? Ce sont là deux questions fondamentales.
« SAS s’engage à prendre en charge les frais de rapatriement en cas d’événement médical ou de décès. Fournir aux soldats toutes les facilités qui leur permettent de faire un service efficace ainsi qu’un soutien au service de santé, un vestiaire, un horaire raisonnable pour la restauration, l’allocation d’un temps raisonnable pour le repos et d’autres éléments convenus entre les parties. »
Cela suppose qu’il y a des accords cachés entre les deux parties qui ne figurent pas dans ledit contrat. Lesquels ?
Dans le même contrat SAS s’engage à : « Apporter son soutien à la Côte d’Ivoire pour obtenir les autorisations douanières et tous documents connexes requis par les autorités maliennes. »
En clair, SAS est censée cacher les objets illicites que ces soldats introduisent au Mali. Des objets inconnus des douanes maliennes, avec les pertes de recettes qui en découlent.
« SAS remboursera aux 30 soldats de la NSE 1 200 dollars par mois payables à la fin de leur tournée » À 640 FCFA pour 1 dollar, 1 200 dollars font 768 000 FCFA/mois.
Ce n’est pas fini : « SAS versera une indemnité journalière de 1,50 dollar par soldat et par jour ». Ce qui fait 960 FCFA/jour soit 86 400 FCFA/mois .
768 000 FCFA + 86 400 FCFA = 854 400 FCFA par mois . Donc au bout de 03 mois de mission, chaque soldat ivoirien touche la bagatelle de 2 563 200 FCFA .
Le présent contrat n’évoque pas tous les aspects financiers et autres. Notamment le montant que SAS verse au gouvernement ivoirien. (Certaines mauvaises langues parlent de 250 millions de FCFA/mois, ndlr)
« Le remboursement des frais mensuels sera remis aux soldats avant leur départ en fin de leur mission, en dollar américain ou en FCFA. S’il y a des frais supplémentaires, le paiement sera accepté pour une période n’excédant pas 30 jours après la fin du mois ou du service . L’indemnité journalière sera versée directement aux soldats dès le premier mois de leur arrivée puis toutes les quinzaines des mois de service dans la NSE. Un dernier paiement sera effectué à la fin de la mission. »
Se sublimer et libérer les 49 soldats ivoiriens
Comme on le voit, le gouvernement malien était en droit de traiter les 49 soldats aujourd’hui en détention comme des mercenaires parce qu’ils remplissent toutes les conditions pour être traités en tant que tels. Pendant que leur solde de soldat continue à être payé par le contribuable ivoirien, au Mali, les mêmes soldats ivoiriens sont employés par une compagnie privée étrangère et sont payés cash en dollar ou en FCFA !
À la lecture de ce contrat que « Le Sphinx » appelle l’arme du crime, on est en droit de se poser les questions suivantes :
Depuis quand le PDG d’une compagnie privée, en l’occurrence Stefan Koeler – Koeler qui veut dire charbonnier en Allemand, ce qui en fait un indécrottable enfumeur- peut-il représenter l’État allemand ?
Comment 25, 30 ou 49 soldats ivoiriens, c’est selon, peuvent surveiller le contingent ivoirien sis à Tombouctou, le contingent allemand à Mopti et les installations de SAS à Bamako en même temps ? Si tant que lesdits soldats soient des NSE, un statut ne que leur reconnaissent pas les Nations-Unies dans la communication écrite envoyée aux autorités maliennes en guise de réponse aux interpellations de ces dernières.
Dans ledit contrat, on parle d’autres forces. De quelles forces s’agit-il ?
Comme « Le Sphinx » l’a dit dans une de ses éditions, les autorités maliennes doivent se sublimer et libérer lesdits soldats qui ne sont en réalité que des victimes expiatoires de la cupidité des politiciens qui nous gouvernent.
Mais elles se doivent surtout de tout faire pour retrouver le contrat qui existerait entre le gouvernement ivoirien à celui du Mali sous le régime corrompu d’Ibrahim Boubacar Keïta. Dans le contrat ne parle-t-on pas de l’appui de la police et de la gendarmerie, des pompiers de l’aéroport, du service de secours médical du Mali pour faire face à des événements impliquant tout type d’urgence représentant un risque pour la sécurité des biens personnels et matériels du contractant. A quel titre les forces ivoiriennes en place doivent-elles mobiliser nos services de sécurité et de secours ?
Cependant cela ne peut absoudre à aucun cas les autorités actuelles qui, ne l’oublions pas, sont aux commandes depuis un certain 18 août 2020. Comment se fait-il que ce n’est qu’après presque 02 ans qu’elles découvrent subitement que l’aéroport Modibo Keïta de Bamako-Sénou est devenu une véritable passoire où SAS faisait la pluie et le beau temps dans l’hôtel qu’elle a construit avec piscine svp ?
Là aussi, les responsabilités doivent être situées et les sanctions doivent être exemplaires !
Adama Dramé