Journal Le Sphinx

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AFFAIRE DES 49 SOLDATS IVOIRIENS

L’Arme du crime

Décidément l’activiste ivoirien Chris Yapi proche de Guillaume Soro, est devenu un véritable cauchemar pour le Président ivoirien, Alassane Ouattara. Après avoir mis sur la place publique une de ses conversations téléphoniques avec l’ancien Premier ministre malien, Boubou Cissé, dans laquelle il traite les dirigeants actuels du Mali de véritables idiots, de naïfs et d’ignorants, le voilà qui récidive en exhibant le contrat malodorant qui lie la société privée Sahel Avion Service (SAS) avec le gouvernement ivoirien.

AFFAIRE DES 49 SOLDATS IVOIRIENS

Le sulfureux contrat daté du 04 juillet 2019 est en anglais. Il fait de manière irréfragable des militaires ivoiriens aujourd’hui en détention de véritables mercenaires. Intitulé «  Contrat de prestation de service de sécurité de la Côte d’Ivoire au Complexe SAS à Bamako et appui au contingent de Côte d’Ivoire de la Minusma

SAS Rue 25 Porte 352 à Badalabougou-Est Bko-Mali

Le contrat porte la signature du général de division Lassana Doumbia agissant au nom du Gouvernement de Côte d’Ivoire et Stefan Koehler détenteur du passeport N° CFGPHCH 4, agissant au nom de Sahel Avion Service et …des Forces armées allemandes.

En résumé, « 25 soldats ivoiriens (considérés comme des NSE de la Minusma, c’est-à-dire des Éléments nationaux de sécurité, ndlr) sont chargés d’assurer la sécurité et la protection, auto-protection générale du contingent ivoirien et allemand de la Minusma et mais aussi et surtout de SAS et si nécessaire à  la défense, en étroite coordination d’autres forces du camp de SAS intégrées dans le périmètre général de SAS situé à l’aéroport international Modibo Kéïta-Sénou où ils seront installés. Les activités de ces éléments seront régis par les clauses. »

Un État dans un État

Comme un véritable  État dans un État les soldats ivoiriens ont leurs  propres exigences sécuritaires avec leurs propres règles de fonctionnement à eux dans un pays étranger. On ne peut plus mépriser un pays que ça. Une véritable administration militaire parallèle qu’ils ont instaurée au Mali.

Pour assurer la sécurité armée et la protection de l’enceinte de SAS, des exigences sécuritaires sont imposées aux soldats ivoiriens sur le sol malien. « Un effectif de 25 soldats qui doit opérer de jour comme de nuit en stationnaires et mobiles. Lesdits soldats doivent être équidés de :

  • Pistolets pour les officiers et les officiers supérieurs,
  • Fusils d’assauts AK47 pour les sous-officiers juniors et les soldats,
  • 2 mitraillettes PKP calibre 6,62x 54 mm (alternativement DschK 12,7 x108 mm, 2,
  • 2 pistolets de signalisation,
  • 2 NVG d’infanterie,
  • Casques et gilets pare-balles, uniforme militaire de camouflage pour chaque soldat

Pour opérer conformément au plan de sécurité qui fait partie du présent contrat et qui contient les détails exacts de la mise en place de la sécurité, une formation d’introduction sera donnée à l’arrivée.

 Une unité mobile sera mobilisée uniquement la nuit et le véhicule sera fournie par SAS. La supervision des gardes armés en service pendant la rotation est assurée par un sous-officier de grade minimum adjudant, en tant que chef d’équipe, un commandant général de grade minimum lieutenant est nécessaire pour la coordination avec SAS et les autres forces, la langue anglaise est obligatoire pour le commandant et souhaitée pour les chefs d’équipe . Comme on peut le constater, bien qu’étant au Mali on impose l’Anglais aux soldats ivoiriens. Le but est clair, c’est d’être compris possible par les Maliens.

Le centre d’opération tactique est équipé de caméras de surveillance électronique avec une capacité de vision nocturne et doit être occupé 24h/24h et 7 jours/7 par le chef d’équipe. Le chef d’équipe doit s’assurer que les soldats en poste respectent l’horaire établi entre les parties et tel que  stipulé à l’annexe 1 du présent contrat. »

Ils ont donc un poste de contrôle et des caméras de surveillance capables de surveiller  tout l’aéroport, donc ayant la capacité de savoir qui sort et qui entre  au Mali. Par conséquent, tous les mouvements de nos autorités à l’aéroport Modibo Kéïta étaient connus par les éléments qui travaillent au poste de contrôle. C’est un véritable service d’espionnage et de renseignement étranger qui était implanté au sein de notre propre aéroport en quelque sorte.

Dans ledit contrat on peut lire : « En cas d’urgence, une réaction rapide de soutien sera donné à l’élément de force sur le lieu de service en considérant le temps raisonnable pour alerter er préparer les groupes pour leurs réponses armées en tenant compte de l’heure des événements rapides,  de l’emplacement et de la menace et d’autres facteurs qui peuvent affecter l’efficacité du service de sécurité et qui sont indépendants de la volonté du contractant (des éléments ivoiriens sur place, ndlr) »

Comme on le voit c’est une  force commando qui protégeait SAS

« Les éléments peuvent être assistés par la police et la gendarmerie nationales, les pompiers de l’aéroport, le service de secours médical pour faire face à des événements impliquant tout type d’urgence représentant un risque pour la sécurité des biens personnels et matériels du contractant . Les événements postérieurs à cette intervention affectant les intérêts de l’entreprise ne relèvent pas de la responsabilité du contractant

Pour chaque événement qui se produit le contractuel préparera un rapport sur les faits au plus 48h après que le fait se soit produit . »

La question qu’est en droit de se poser est de savoir à qui on doit faire ledit rapport ?

« SAS produira un véhicule protégé qui sera remis aux éléments des forces à leur arrivée au Mal Voilà les obligations des forces ivoiriennes déployées à l’aéroport Modibo Kéïta »

Voilà les grandes lignes des obligations de la partie ivoirienne

Les obligations de SAS

« La société contractante s’engage à fournir le positionnement et le depositionnement avec une rotation tous les 3 mois, l’hébergement, les installations de divertissement, 3 repas par jour pour les 30 ( ?) militaires déployés en permanence y compris 05 militaires administratifs»

Une rotation chaque trimestre  correspond à 4 rotations/an ce qui fait  au moins 12 rotations jusqu’à juillet 2019 à juillet 2022. Contrairement à ce que soutient  le Président ivoirien qui parle plutôt de 8 rotations en tout et pour tout. Les hommes et les armes qui sont venus dans le cadre de ces rotations sont-ils tous retournés en Côte d’Ivoire ?  C’est une question fondamentale.

Dans ledit contrat, « SAS s’engage à prendre en charge les frais de rapatriement  en cas d’événement médical ou de décès. Fournir aux soldats toutes les facilités qui leur permettent de faire un service efficace ainsi qu’un soutien au service de santé, un vestiaire, un horaire raisonnable pour la restauration, l’allocation d’un temps raisonnable pour le repos et d’autres éléments convenus entre les parties. »
Cela qui suppose qu’il y a des accords cachés entre les deux parties qui ne figurent pas dans ledit contrat. Lesquels ?

Dans le même contrat SAS s’engage à : « Apporter son soutien à la Côte d’Ivoire pour obtenir les autorisations douanières et tous documents connexes requis par les autorités maliennes. »

Donc  SAS est censée cacher les objets illicites que ces soldats introduisent au Mali, un véritable cheval de Troie. Combien de milliards de FCFA ont dû être volés aux douanes maliennes ?

« SAS remboursera aux   30 soldats de la NSE 1 200 dollars par mois payables à la fin de leur tournée »

À 640 FCFA pour 1 dollar soit 711 600 FCFA/mois, les soldats ivoiriens touchent 2 134 800  FCFA au bout des 3 mois que dure leur mission .

Ce n’est pas fini, «  SAS versera une indemnité journalière de 1,50 dollar par soldat et par jour » soit 960 FCFA/jour ce qui fait en tout 740 400 FCFA/ mois soit 2 221 200 FCFA en  03 mois de service . Le présent contrat n’évoque tous les aspects financiers et autres. Notamment le montant que SAS verse au gouvernement ivoirien. Il précise cependant que :

« Le remboursement des frais mensuels sera remis aux soldats avant leur départ en fin de leur mission, en dollars américains ou en FCFA. S’il y a des frais supplémentaires le paiement sera accepté pour une période n’excédant pas 30 jours après la fin du mois ou du service . L’indemnité journalière sera versée directement aux soldats dès le premier mois de leur arrivée puis toutes  les quinzaines  des mois de service dans  la NSE. Un dernier paiement sera effectué à la fin de la mission.»

Comme on le voit, le  gouvernement malien était en droit de traiter les 49 soldats aujourd’hui en détention comme des mercenaires parce qu’ils remplissent toutes les conditions pour être traités comme tels. Pendant que  leur solde de soldat continue à être payé par le contribuable ivoirien, au Mali, ils sont employés par une compagnie privée étrangère et sont payés cash en dollars ou en  FCFA, en tout cas ceux qui ont la chance de n’être pas pris.

À la lecture de ce contrat que « Le Sphinx » appelle l’arme du crime, on est en droit de se poser des questions suivantes :

Depuis quand le PDG d’une compagnie privée, en l’occurrence, Stefan Koeler – Koeler qui veut dire « Charbonnier en Allemand- peut-il représenter un État ?

Comment les 25, 30 ou 49 soldats ivoiriens, c’est selon, peuvent surveiller les contingents ivoiriens, allemands et les installations de SAS en même temps ?

Dans ledit contrat, on parle d’autres forces. Lesquelles ?

Cependant, comme « Le Sphinx » l’a dit dans une de ses éditions, les autorités maliennes doivent se sublimer et libérer lesdits soldats qui ne sont en réalité que des victimes expiatoires de la cupidité des politiciens qui nous gouvernent.

Mais elles se doivent surtout de tout faire pour retrouver le contrat qui lie le gouvernement ivoirien et celui du Mali sous le régime corrompu d’Ibrahim Boubacar Keïta. Dans le contrat ne parle-t-on pas de l’appui de la police et de la gendarmerie, des pompiers de l’aéroport, du service de secours médical du Mali pour faire face à des événements impliquant tout type d’urgence représentant un risque pour la sécurité des biens personnels et matériels du contractant ?

À notre humble avis Alassane Ouattara et ses hommes ne peuvent pas se comporter comme en pays conquis  sans un contrat en bonne et due forme signé avec les autorités maliennes de l’époque. Sinon ce sera un peu trop fort de café !

Cependant, il n’est pas question d’absoudre les autorités actuelles qui, ne l’oublions pas,  sont au pouvoir depuis un certain 18 août 2020. Comment se fait-il que ce n’est qu’après presque deux ans (2)  qu’elles se rendent compte que l’aéroport Modibo Keïta de Bamako-Sénou est devenu une véritable passoire où SAS a construit un hôtel et même une piscine. Là aussi, les responsabilités doivent être situées et des mesures draconiennes doivent être prises.

Adama Dramé

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